Une fusion entre Axel Springer et ProSieben ne manquerait pas d’obstacles

Capital, gouvernance ou concurrence... Une nouvelle tentative de rapprochement entre les deux groupes présenterait de grands risques d'échec
Olivier Pinaud

Axel Springer a refroidi hier les attentes d’une fusion avec ProSiebenSat.1. Sans démentir clairement la tenue de discussions avec le groupe de télévision, l’éditeur a prévenu dans un communiqué que la famille actionnaire, représentée par Friede Springer, la veuve du fondateur, entend poursuivre la mise en œuvre de son projet de transformation du statut légal du groupe en commandite par actions (KGaA, Kommanditgesellschaft auf Aktien), ce qui lui permettrait de conserver le contrôle même si sa participation passait sous la barre des 50%, contre environ 57% actuellement.

Ce statut de commandite, relativement fréquent en Allemagne, permettrait de financer des acquisitions par l’émission d’actions tout en gardant la majorité des droits de vote. «En conséquence, les spéculations concernant un renoncement au contrôle sont complètement infondées», a lancé Axel Springer dans son communiqué.

Négociée, la structure juridique d’une fusion pourrait garantir une forme de contrôle à Axel Springer. Mais quel serait alors l’intérêt de l’opération pour ProSieben, dont la capitalisation boursière, de 9,6 milliards d’euros hier soir, est deux fois plus élevée que celle d’Axel Springer? De même, la question de la gouvernance s’annonce insoluble. Agé de 52 ans, et à l’origine de la diversification réussie d’Axel Springer vers le numérique, Mathias Doepfner, son directeur général, serait en concurrence frontale avec son alter ego chez ProSieben, Thomas Ebeling, âgé de 56 ans, et dont le mandat vient d’être renouvelé.

Enfin, la question de la concurrence constituerait un dernier obstacle. Déjà en 2006, lors de la première tentative de rapprochement entre les deux groupes, les autorités allemandes s’étaient opposées à l’opération en raison de la domination qu’aurait eue l’ensemble sur le marché de la publicité. Malgré l’arrivée des groupes d’internet, l’entité fusionnée disposerait encore de positions fortes. Selon les calculs des analystes de Credit Suisse, ProSieben/Axel Springer aurait 20% du marché allemand élargi de la publicité. Lors d’une récente réunion avec les investisseurs, Mathias Doepfner, avait assuré que ProSieben n’était pas un sujet pour le groupe. Les investisseurs l’ont pris au mot hier : le cours de l’action Axel Springer a perdu 5% après avoir gagné 7,4% lundi.

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