Trafigura opère une recomposition massive de son capital

Le courtier a racheté près de 2 milliards de dollars de titres sur les trois dernières années pour intéresser de nouveaux partenaires
Antoine Duroyon

Avec toute la discrétion qui le caractérise, le géant des matières première Trafigura fait sa révolution de l’intérieur. Selon des données compilées par Reuters, le groupe helvétique a dépensé près de 2 milliards de dollars (1,46 milliard d’euros) en rachats d’actions au cours des trois dernières années afin d’offrir une sortie à ses actionnaires historiques et de réallouer des titres à une nouvelle génération.

De 357 millions de dollars en 2011, ces opérations sont passées à 787 millions l’année suivante. En 2013, le curseur a atteint 855 millions de dollars, ou 17% de fonds propres estimés à 5 milliards de dollars. Il s’agit donc d’une évolution majeure pour le groupe qui, au lieu de choisir la voie de la Bourse, devrait poursuivre le mouvement et débourser 1,5 milliard de dollars supplémentaires jusqu’en 2017.

«Nous avons engagé des rachats d’actions pour deux raisons. Premièrement, il s’agit de permettre le départ d’actionnaires employés par la société, et deuxièmement, de rééquilibrer les participations des collaborateurs actuels afin d'éviter des concentrations non désirées de capital (...)», explique un porte-parole de Trafigura. Quasiment tous les dirigeants historiques, c’est-à-dire ceux présents en 1993, ont abandonné leurs fonctions exécutives. Selon les comptes 2013 de Trafigura, aucun actionnaire ne détient plus de 5% du capital, sauf l’emblématique Claude Dauphin. Le président-directeur général du groupe contrôle «moins de 20%».

Les actions restantes sont entre les mains de 700 cadres seniors de l’entreprises. Parmi eux figurent encore des combattants de la première heure : Eric de Turckheim, qui a travaillé dans les années 1980 avec Claude Dauphin chez le trader américain Marc Rich, Graham Sharp, Daniel Posen ou encore Mark Crandall.

Si l’on tient compte des rachats programmés jusqu’en 2017, la société aura ainsi bousculé plus des deux tiers de son actionnariat en six à sept ans, sur la base de remboursements de participations à la valeur du bilan. «Cela ressemble très fortement à un modèle de Goldman Sachs à l’ancienne», souligne une source industrielle citée par Reuters. La banque de Wall Street a capitulé en 1999 pour aller en Bourse mais du côté de Trafigura, on défend fermement les mérites de l’entre-soi.

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