Tiffany paie au prix fort son divorce avec Swatch

Un tribunal néerlandais a tranché en faveur de Swatch. Tiffany entend poursuivre ses objectifs dans la production de montres de luxe
Philippe Bonnet

Au moins, les deux entreprises seront sorties d’une dispute dont la genèse remonte à 2007. Swatch premier horloger mondial avec des marques prestigieuses comme Longines, Omega ou Tissot, avait en effet passé un accord il y a six ans en vue d’une production commune de montres sous la marque Tiffany Watch. La coentreprise créée pour ce faire avait à sa tête Nayla Hayek, fille du fondateur de Swatch Group. Mais, en 2011et 2012, les deux groupes ont rompu les bans et se sont mutuellement attaqués.

On sait depuis dimanche 22 décembre qu’une cour arbitrale néerlandaise a tranché en faveur de Swatch et condamné le groupe américain Tiffany à verser au premier 402 millions de francs suisses (328 millions d’euros) de dommages et intérêts soit davantage que ses bénéfices réalisés l’année dernière (285 millions de dollars au titre des neuf mois premiers mois de l’exercice, pour 2,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires).

Swatch Group, qui réclamait au second 3,8 milliards de francs suisses de dommages intérêts, reprochait à l’enseigne américaine de luxe, essentiellement connue pour la joaillerie et les arts de la table, de bloquer ou de retarder systématiquement le développement de l’entreprise commune. De son côté la vénérable marque Tiffany (175 ans d’âge) avait contre-attaqué en arguant que le groupe suisse n’honorait pas les termes du contrat, notamment en termes de distribution et exigeait pour sa part plus de 540 millions de francs suisses en dédommagement. La collaboration avec Swatch Group s’était arrêtée à l’automne 2011 à l’initiative du groupe suisse pour cause de «rupture de contrat». La plainte de Swatch avait été déposée en décembre tandis que Tiffany avait décidé de réagir en justice au mois de mars 2012.

La décision du Netherland Arbitration Institute constitue un sérieux revers pour Tiffany qui a vu sa propre plainte rejetée. Le PDG de l’entreprise américaine, Michael Kowalski, a fait part de son dépit par voie de communiqué mais n’a pas baissé les bras en affirmant que son entreprise poursuivrait seule son plan de conception, production et de distribution de ses propres montres. Tiffany & Co possède 76 magasins aux États-Unis et 206 magasins dans le monde entier.

Le groupe inscrira une charge de près de 300 millions de dollars avant impôts au quatrième trimestre en conséquence du jugement. La pilule est d’autant plus amère que Tiffany paiera en outre les frais de justice (8,8 millions de dollars).

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