Thales résout enfin sa crise de gouvernance

L’ajout de deux administrateurs indépendants permet de préserver le pacte entre l’Etat et Dassault. Le tandem Proglio-Caine sera nommé en AG le 13 mai.
Olivier Pinaud

Sept mois pour approuver une nouvelle gouvernance. Alors que Jean-Bernard Levy a annoncé son départ pour EDF mi-octobre, le tandem Henri Proglio-Patrice Caine prendra officiellement les commandes de Thales le 13 mai, lors de l’assemblée générale 2015. Les deux hommes ont été cooptés administrateurs lors d’un conseil d’administration le 23 décembre 2014, avec en prime le poste de PDG pour Patrice Caine. Mais l’AG du 13 mai permettra de légitimer par le vote des actionnaires cette gouvernance.

L’AG votera aussi une modification des statuts de Thales. Une résolution repoussera à 69 ans la limite d’âge du président du conseil d’administration, ce qui permettra à Henri Proglio, âgé de 65 ans, d’accéder à la présidence du conseil. Patrice Caine gardera la direction générale.

Cette nouvelle gouvernance âprement négociée entre les deux actionnaires de référence de Thales, l’Etat (26,36%) et Dassault Aviation (25,28%), devait être approuvée lors d’une AG initialement prévue le 4 février. Mais les deux protagonistes avaient omis un détail d’importance: compte tenu de ses liens avec la famille Dassault, Henri Proglio ne pouvait être considéré comme une «personnalité extérieure», selon l’Autorité des marchés financiers. Dans ce cas, sa nomination menaçait de faire voler en éclat le pacte d’actionnaires entre l’Etat et Dassault, qui prévoit une répartition claire des administrateurs (5 pour l’Etat, 4 pour Dassault, et 4 personnalités extérieures). La rupture de cet équilibre aurait pu contraindre au lancement d’une OPA. D’où le report de l’AG, le temps de trouver une solution.

Après discussions, les deux actionnaires de référence ont fini par s’entendre sur l’entrée au conseil de deux nouvelles personnalités extérieures: Guylaine Dyevre, responsable de la conformité des activités de banque d’investissement de BNP Paribas, et Thierry Aulagnon, patron mondial du coverage et de la banque d’investissement à la Société Générale jusqu’au 1er mars.

Le tandem Proglio-Caine aura fort à faire. Le récent succès à l’export du Rafale, dont le contrat avec l’Egypte devrait rapporter 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires à Thales, masque les difficultés du groupe, principalement dans la signalisation ferroviaire. Ces actifs, pour la plupart rachetés à Alcatel en 2007, ont dégagé une marge d’exploitation de seulement 2,3% en 2014, contre 6,7% en 2013. Le groupe a reconnu que la remontée vers 6-7% prendrait un peu de temps.

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