Sodexo peine à susciter l’appétit des investisseurs

Les objectifs dévoilés par le groupe de restauration collective lors de sa journée investisseurs laissent le marché sur sa faim.
Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones

Devra mieux faire. Le nouveau menu dressé par Sodexo n’aiguise pas l’appétit des investisseurs. L’action du géant français de la restauration collective et de titres de services prépayés a même perdu 1,9% mercredi, tombant à 87,08 euros dans le sillage de sa stratégie à horizon 2025 présentée à l’occasion de son Capital Markets Day. Certains analystes se demandent si le groupe piloté depuis un peu plus de neuf mois par Sophie Bellon n’a pas eu les yeux plus gros que le ventre en matière de perspectives.

Présidente depuis 2016 du groupe contrôlé par sa famille, Sophie Bellon s’est officiellement emparée en février dernier des pleins pouvoirs opérationnels, cumulant depuis présidence et direction générale. L’intérim de quelques mois, mis en place à la suite à l’éviction de Denis Machuel dès l’été 2021, s’esttransformé en mandat durable.

Le groupe a confirmé tabler pour l’exercice 2022-2023 qui sera clos à la fin août sur une croissance interne, c’est-à-dire hors effet de change et de périmètre, de son chiffre d’affaires comprise entre 8% et 10% et sur une marge d’exploitation proche de 5,5% à taux constants. A titre de comparaison, son principal concurrent, le britannique Compass, avait confirmé à la fin juillet sa prévison d’une marge d’exploitation supérieure à 6% au titre de son exercice 2022 clos fin septembre. Ses résultats annuels sont attendus le 21 novembre.

Pour les exercices 2023-2024 et 2024-2025, Sodexo prévoit une croissance interne de son chiffre d’affaires comprise entre 6% et 8%. Pour l’exercice 2024-2025, la marge d’exploitation est attendue au-dessus de 6%.

Des objectifs trop épicés...

En première approche, UBS évoque des «objectifs quelque peu ambitieux». Un point de vue partagé par Stifel. Selon l’intermédiaire financier, les nouvelles prévisions de Sodexo impliquent potentiellement un relèvement du consensus de plus de 5% sur l’exercice 2023-2024 et de plus de 10% sur 2024-2025. Selon le consensus cité par UBS, les analystes tablaient pour l’exercice 2022-2023, avant la présentation de Sodexo, sur une croissance organique de 9% et sur une marge d’exploitation de 5,5%. Toujours selon ce même consensus, la marge d’exploitation était attendue à 5,6% à l’issue de l’exercice 2024-2025.

Malgré un bilan marqué par une dette réduite, UBS et Stifel regrettent par ailleurs l’absence d’une déclaration claire sur la politique d’allocation du capital dans le communiqué de presse publié à l’occasion de cette journée-investisseurs.

...ou trop fades

A contrario, Citi juge la nouvelle carte concoctée par Sodexo un peu fade. Pour la banque américaine, la stratégie à moyen terme du groupe français n’est « ni mauvaise ni excellente ».

Aujourd’hui, la stratégie mise en avant par Sodexo repose sur trois piliers. Le recentrage sur les services de restauration, couplé à davantage de sélectivité dans les services de « Facilities Management » doit s’accompagner d’une accélération de la croissance rentable des Services Avantages & Récompenses, qui gère l'émission de titres de services prépayés. Enfin le groupe vise un renforcement de l’impact de sa contribution sociétale et environnementale.

Concernant les Services Avantages & Récompenses, Sodexo table pour l’exercice 2023 sur une croissance interne comprise entre 12% et 15% et sur une marge d’exploitation d’environ 30%. Pour les exercices 2024 et 2025, le groupe vise le bas de la fourchette d’une croissance interne à deux chiffres et une marge d’exploitation supérieure à 30% pour l’exercice 2025.

En revanche, l’absence d’objectif de marge pour l’exercice 2023-2024 pourrait décevoir les investisseurs tandis que des objectifs distincts pour la division de services de prestations et de récompenses ouvrent la porte à une cession de l’activité, observe Citi. Au printemps 2022, le groupe avait exploré le scénario d’une ouverture du capital de son pôle « Avantages et Récompenses » avec le fonds CVC, avant de faire machine arrière. En Bourse, Sodexo est au coude-à-coude avec Edenred, son grand rival sur les solutions prépayées, avec des capitalisations boursières équivalentes, autour de 13 milliards d’euros.

Des reprises en mains locales

« Pour soutenir cette stratégie, Sodexo continuera d’avoir une politique d’investissement disciplinée, avec des investissements bruts passant de 2,3% du chiffre d’affaires en 2022 à 2,8% en 2025 et des acquisitions ciblées relutives, en ligne avec la stratégie du groupe », a précisé le groupe qui opte, pour ses services sur sites, sur une nouvelle organisation plus locale. La responsabilité opérationnelle est ainsi transférée aux régions et pays, consolidés en trois zones géographiques : Amérique du Nord, Europe et Reste du Monde, comprenant l’Asie-Pacifique, le Moyen-Orient, l’Afrique, le Brésil et l’Amérique latine. « Cela apportera plus d’autonomie, de rapidité dans la prise de décision et de réactivité au niveau local », espère Sodexo.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Entreprises

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...