Sartorius Stedim digère mal en Bourse l’acquisition de Polyplus

Jugée stratégique mais onéreuse, l’opération de 2,4 milliards d’euros nécessitera un complément de bilan.
Agefi-Dow Jones
Sartorius Stedim Biotech fournisseur de l’industrie pharmaceutique .jpg
Le groupe, fournisseur de l’industrie pharmaceutique, engrange de futurs relais de croissance mais au prix fort  -  Crédit Sartorius

Le fournisseur de l’industrie pharmaceutique Sartorius Stedim Biotech a lourdement chuté vendredi en Bourse, perdant 8,6% à 282 euros alors que son acquisition du groupe français Polyplus pour 2,4 milliards d’euros est jugée onéreuse par le marché en dépit de l’intérêt stratégique de l’opération.

Sartorius Stedim Biotech a annoncé vendredi avoir signé un accord afin d’acquérir ce producteur de composants utilisés dans les thérapies cellulaires et géniques, auprès d’un groupe d’investisseurs dont Archimed et WP GG Holdings IV, une filiale de Warburg Pincus.

Le prix de 2,4 milliards d’euros «me paraît énorme au regard du chiffre d’affaires de Polyplus de quelques dizaines de millions d’euros», indique Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marché chez eToro qui poursuit : «le montant de la transaction représente un peu moins de 10% de la capitalisation boursière de Sartorius Stedim Biotech, raison pour laquelle le titre décroche d'à peu près autant.»

Le prix d’achat de Polyplus représente également près de 70% du chiffre d’affaires 2022 de Sartorius Stedim Biotech et 2,7 fois son bénéfice net de l’an dernier.

Crédit-relais

Pour financer l’opération, Sartorius Stedim Biotech est soutenu par sa maison mère, l’allemand Sartorius AG. Ce dernier, propriétaire de 70% du capital du groupe basé à Aubagne, souscrira à un crédit-relais qui sera remboursé dans un second temps à «l’aide d’instruments financiers à long terme qui pourraient inclure un élément de fonds propres».

«Les modalités du remboursement du crédit-relais n’ont pas encore été précisées, mais Sartorius pourrait procéder à une émission d’obligations à long terme», précise Antoine Fraysse-Soulier.

De son côté, Guillaume Cuvillier, analyste chez Gilbert Dupont, estime que la portée stratégique de l’opération l’emporte largement sur la valorisation de Polyplus.

«Le secteur des thérapies géniques et cellulaires est très prometteur. Il est logique que les prix y soient très élevés. Les marchés ont longtemps critiqué bioMérieux pour sa tendance à surpayer ses acquisitions dans le diagnostic. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes acquisitions qui assurent sa croissance et sa rentabilité», observe Guillaume Cuvillier. Et d’ajouter: «Avec son free cash-flow, Sartorious Stedim Biotech remboursera l’opération en quatre ans à peine. Cette transaction sera sans doute dilutive à court terme, mais très profitable à long terme. Le temps des marchés n’est pas celui de l’industrie», rappelle l’analyste.

Dans son communiqué, Sartorius Stedim Biotech a précisé que «Polyplus, qui enregistre des taux de croissance élevés, devrait générer en 2023 un chiffre d’affaires dans la fourchette haute des dizaines de millions d’euros et une marge d’Ebitda très importante».

A lire aussi: Le financement de la filière santé devrait redémarrer en 2023

Une offre complémentaire

«Les solutions innovantes de Polyplus sont très complémentaires de notre portefeuille, en particulier de notre offre de milieux de culture cellulaire et de composants essentiels au développement et à la fabrication de thérapies avancées. Il existe également de solides synergies avec notre portefeuille de solutions en aval pour la fabrication de produits pour les thérapies géniques», a indiqué René Fáber, le directeur général de Sartorius Stedim Biotech, dans le communiqué du groupe.

En janvier dernier, Sartorius Stedim Biotech avait annoncé prévoir une accélération de sa croissance en 2024 et 2025 après deux années de normalisation de la demande. Le groupe avait relevé son objectif de chiffre d’affaires pour 2025 à environ 4,4 milliards d’euros, contre 4 milliards d’euros auparavant.

En signant le rachat de Polyplus, le groupe se donne les moyens d’atteindre ces objectifs, quitte à y mettre le prix.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Fusions-acquisitions

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...