Safilo devra se renouveler pour faire face aux pertes de licence

Avec la fin de la licence Gucci, internalisée par Kering, le lunettier italien a deux ans pour trouver de nouveaux clients ou pour acheter des marques
Bruno de Roulhac

Gros temps pour Safilo. Après l’annonce mardi soir par Kering qu’il allait mettre fin plus tôt que prévu à son partenariat avec le lunettier italien, le cours de Safilo s’est effondré de 26,45% mercredi, et cédait encore 1,68% à 11,70 euros hier, tandis que la Consob, le régulateur italien, a interdit temporairement toute vente à découvert sur le titre.

En décidant d’internaliser ses activités de lunettier, Kering a mis fin avec deux ans d’avance, soit fin 2016, au contrat de licence actuel de Gucci avec son partenaire. En contrepartie, le groupe français versera une indemnité de 90 millions d’euros à Safilo, payée en trois versements entre 2014 et 2018. Un autre partenariat de production liera les deux sociétés à compter de janvier 2017 pour une durée de quatre ans, renouvelable par consentement mutuel.

Or, cette licence Gucci «pèse pour environ 22 à 23% du chiffre d’affaire global de Safilo, soit environ 250 millions d’euros», estime Banca Akros, qui n’anticipe pas d’impact négatif sur le groupe italien jusqu’à fin 2016. Les autres licences Kering détenues par Safilo (Bottega Veneta, McQueen, Saint Laurent), qui pèsent 40 millions d’euros de chiffre d’affaires additionnel selon Bryan Garnier et 20 millions pour Kepler Cheuvreux, pourraient être aussi arrêtées.

En revanche, à compter de 2017, Banca Akros anticipe une baisse des volumes de Safilo et un recul des marges. D’ailleurs, Kepler Cheuvreux estime que le futur accord ne sécurisera que 100 à 120 millions d’euros de chiffre d’affaires et 10 à 15 millions de résultat d’exploitation, soit «un sérieux vent contraire sur les résultats 2017».

Après avoir déjà perdu sa licence Armani en 2013, «la distribution de Safilo devient moins convaincante pour les clients potentiels», ajoute Kepler Cheuvreux. Toutefois, le groupe italien «a prouvé sa capacité à se retourner après avoir perdu», note Bryan Garnier, estimant que l’indemnité de 90 millions pourrait permettre à Safilo d’acquérir d’autres marques en propre, afin de limiter son exposition aux licences qui pèsent 80% de ses ventes.

Du côté de Kering, le marché souligne la pertinence stratégique d’une telle intégration, mais s’interroge sur son impact financier à court terme. Elle «devrait être rentabilisée en moins de deux ans», note CM-CIC. Pour sa part, JPMorgan Cazenove rappelle que «les sociétés ont tendance à sous-estimer les coûts et les complexités des activités non stratégiques.»

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