Robert Dambo : «Grant Thornton compte participer à la concentration de l’audit»

Le président de Grant Thornton France explique à L’Agefi ses ambitions de transformation du cabinet et sa volonté de rendre ses activités plus attractives pour ses collaborateurs.
Bruno de Roulhac
Robert Dambo, le président du cabinet Grant Thornton France.
Robert Dambo, le président du cabinet Grant Thornton France.  -  Photo Grant Thornton.

L’Agefi : Face aux «Big Four» de l’audit (Deloitte, EY, KPMG et PwC), quelle est votre ambition pour Grant Thornton en France ?

Robert Dambo : Présent en France depuis 2001, nous voulons créer une nouvelle génération de cabinet, plus agile que les acteurs traditionnels, avec une nouvelle compréhension du monde et la prise en compte de nouveaux paramètres. Chaque jour qui passe rend les grands mouvements structurels irréversibles, que ce soit le réchauffement climatique ou les mouvements de population, qui remettront en cause les fondamentaux de nos vies.

Les plus jeunes sont les plus sensibles et les plus attentifs à ces modifications majeures, qui remettent en cause leur raison d’être sur terre. Aussi, nous devons écouter ces jeunes générations. Au comité de direction, nous avons une associée en charge de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), avec notamment un objectif de transformation en tenant compte de toutes les parties prenantes, à commencer par les collaborateurs.

Comment se matérialise cette évolution ?

Nous avons élaboré un projet «consultant zéro carbone», afin de sensibiliser nos collaborateurs et nos clients à notre réduction de l’empreinte carbone, notamment à travers la consommation de papiers, les transports et les usages numériques. Avec un objectif de neutralité carbone pour le groupe en 2050, mais cette cible sera atteinte plus tôt en France.

Dans ce sillage, nous sommes en train de créer une offre RSE pour nos clients, et recrutons actuellement pour déployer cette task force. Notre rôle est aussi d’accompagner nos clients pour la mise en place de la nouvelleréglementation verteeuropéenne (CSRD et taxonomie), et de mettre en place des indicateurs pour contrôler ces données, avant de les auditer. Plus largement, nous nous fixons pour but d’accompagner et d’accélérer la transformation climatique et sociétale de nos clients

Quelle place accordez-vous aux jeunes, si essentiels dans votre dispositif ?

Nous allons structurer une écoute des plus jeunes au sein du cabinet. Le cabinet est fait pour eux et non l’inverse ! Ils sont les premiers à demander ce que Grant Thornton France propose en matière d’accompagnement de leurs collègues handicapés, de gaspillage au restaurant d’entreprise, ou encore d’environnement.

Le seul indicateur clé (KPI) de demain sera le taux de rétention de nos collaborateurs. Alors que la pénurie de talents dans nos métiers s’accroît dans le monde entier, nous devons rendre nos activités plus attractives. Notamment les métiers de l’audit sont moins séduisants, car trop réglementaires et sans réels contacts humains avec le client. Mais les métiers autour de la RSE créent un appel d’air.

Comment vont se traduire ces évolutions dans votre stratégie ?

Pour les cabinets, cette transformation nécessite des investissements lourds, pour s’adapter aux nouveaux outils, et aux compétences nouvelles (data scientists, spécialistes du cyber et de la blockchain). Aussi, les plus petits cabinets ne pourront pas suivre et nous anticipons une concentration du secteur, à laquelle nous comptons participer activement. La croissance, interne et externe, est au sommet de nos priorités stratégiques. L’effet taille permet d’avoir une richesse d’offres et de talents.

Le capital humain constitue également un axe stratégique pour Grant Thornton. Notre projet «bienveillance» vient aider chacun de nos collaborateurs à exprimer au mieux tout son potentiel, en lui laissant un espace de liberté pour exprimer ses envies. Notre objectif est d’activer ce potentiel de manière très volontariste et non subie. Le cabinet se veut révélateur de talents. Un tel processus permet d’améliorer la performance individuelle et donc celle de l’entreprise.

En quoi consiste ce projet «bienveillance» ?

Pour favoriser cette émulation intellectuelle, nous voulons favoriser la coopération en mettant nos collaborateurs en confiance, afin de limiter leur autocensure naturelle et de les inviter à la créativité. La charte de bienveillance vise à favoriser cette atmosphère de confiance, de comportements positifs et empathiques. Elle est le fruit de 18 mois de travail avec les associés sur le comportement de chacun. Cette charte, signée par les 125 associés de Grant Thornton France et adoptée l’été dernier, décrit les attitudes à adopter. Ces comportements ne sont pas optionnels, ils sont désormais la norme sociale du groupe. In fine, ce travail d’introspection nous interroge sur nos propres valeurs. Progressivement cette approche positive doit devenir l’identité du groupe et être ressentie comme telle par nos clients.

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