
Renault-Nissan-Mitsubishi promettent une nouvelle Alliance
L’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a dévoilé mercredi sa nouvelle stratégie, tirant un trait sur la course aux volumes pour privilégier la rentabilité et la compétitivité.
L’Alliance entre les groupes japonais et français misait auparavant sur la forte croissance des ventes, a rappelé Jean-Dominique Senard, le président de Renault et du conseil opérationnel de l’Alliance. Mais le paysage automobile a désormais changé et «le nouveau modèle de l’Alliance se concentre sur l’efficacité et la compétitivité plutôt que les volumes», a résumé Jean-Dominique Senard.
Pour redresser les performances des trois constructeurs, dont l’activité a été mise à mal par les conséquences de la pandémie de Covid-19, l’Alliance a adopté le système du «leader-follower» ou «chef de file-suiveur», permettant à un constructeur de prendre la main sur une technologie ou un produit. L’Alliance a également élargi le principe de constructeur référent par zone géographique. «Les décisions prises auront une incidence dès 2022», a déclaré Jean-Dominique Senard.
Ces annonces ont propulsé l’action Renault de 17,47% à la Bourse de Paris, à 22,50 euros mercredi. «Après plus de 20 ans, les membres de l’Alliance se sont enfin décidés à travailler ensemble, à désigner un ‘leader’ par modèle et à optimiser les capacités de production pour chacun de ces modèles», apprécie un analyste. «Les commentaires sur le fait que l’Alliance soit soudée, ait un plan en tête et une stratégie clairs ont certainement rassuré et les objectifs affichés sont plutôt ambitieux même s’ils manquent encore de détails», affirme un autre intermédiaire financier.
Réduction des coûts en vue
A l’horizon 2025, près de 50% des modèles de l’Alliance doivent être développés et produits dans le cadre de ce principe de leader-follower. A cette même échéance, le portefeuille de véhicules de l’Alliance aura été réduit de 20%, a ajouté Jean-Dominique Senard.
«Le principe ‘leader-follower’ devrait permettre de réduire les coûts et les dépenses d’investissements par modèle jusqu'à 40% pour les véhicules conçus sous ce nouveau schéma», a précisé l’Alliance dans un communiqué. «Ces avantages devraient venir s’ajouter aux synergies déjà réalisées aujourd’hui», selon ce communiqué.
Les partenaires de l’Alliance s’appuieront sur ce modèle leader-follower, afin de renforcer la stratégie de standardisation pour le développement des véhicules. Par segment de produits, ils détermineront un véhicule «mère», développé par l’entreprise «leader» avec le soutien des constructeurs «followers», et des véhicules «soeurs». Ainsi, le renouvellement du segment des petits SUV en Europe après 2025 sera mené par Renault, alors que le rafraîchissement de la gamme des SUV du segment supérieur sera assuré par Nissan.
Chaque membre de l’Alliance aura également un rôle de «référent» dans les régions où il possède les meilleurs atouts et servira alors de référence à ses partenaires afin de renforcer leur propre compétitivité. «Les synergies augmenteront afin de maximiser le partage des coûts fixes, ainsi que l’exploitation des actifs de chaque entreprise», a résumé l’Alliance.
Selon cette stratégie, Nissan deviendra le référent de l’Alliance en Chine, en Amérique du Nord et au Japon. Renault le sera pour l’Europe, la Russie, l’Amérique du Sud et l’Afrique du Nord. Mitsubishi sera le référent pour l’Océanie et l’Asie du Sud-Est.
Pas de fusion au sein de l’Alliance
En matière d’efficacité technologique, les constructeurs de l’Alliance «continueront à capitaliser sur les actifs existants afin de garantir que chaque entreprise membre poursuit le partage des investissements dans les plates-formes, les groupes motopropulseurs et les technologies», ont précisé Renault, Nissan et Mitsubishi.
Toujours selon le modèle leader-follower, Nissan sera par exemple le référent de l’Alliance pour le développement de la conduite autonome, tandis que Renault montrera à ses partenaires la voie à suivre en matière de technologie pour les véhicules connectés. Jean-Dominique Senard a indiqué que ce principe leader-follower devrait générer des gains d’efficacité technologique de 20% en supprimant les doublons au sein de l’Alliance.
Fort de cette nouvelle organisation, le président de Renault a balayé d’un revers de la main l’hypothèse d’une fusion entre les membres de l’Alliance, affirmant que les trois constructeurs n’en avaient «pas besoin pour être efficaces».
Après cette présentation propre à l’Alliance, les constructeurs doivent désormais détailler dans les prochains jours leurs propres plans de restructuration. «Le cadre de cette présentation est resté assez général, on attend les détails chiffrés lors de jours à venir», souligne Pierre-Yves Quéméner, analyste chez Mainfirst.
Renault dévoilera vendredi son plan de réduction de coûts fixes de 2 milliards d’euros d’ici à trois ans. Selon une source proche du constructeur, le constructeur prévoit de supprimer 5.000 postes via notamment des départs à la retraite anticipés.
Ce plan est très attendu, notamment par le gouvernement français, qui n’a pas encore validé le prêt garanti par l’Etat de 5 milliards d’euros dont Renault doit bénéficier.
Mardi, le président de la République, Emmanuel Macron, a posé comme préalable à l’octroi de cette aide la tenue la semaine prochaine d’une table ronde sur l’avenir des sites industriels du groupe, regroupant Renault, des sous-traitants, les élus ou encore les syndicats.
Jean-Dominique Senard a assuré mercredi que ni Renault ni l’Alliance n’avaient de problèmes dans leurs relations avec l’Etat français.
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