Patrick Drahi joue son va-tout pour emporter Bouygues Telecom

Le premier actionnaire de Numericable-SFR offre 10 milliards d’euros, a révélé le JDD. De quoi faire réfléchir Bouygues.
Olivier Pinaud

Entre la remontée des taux et les enchères de nouvelles fréquences, Patrick Drahi veut profiter de la dernière fenêtre de 2015 pour tenter de mettre la main sur Bouygues Telecom. Comme l’a révélé le Journal du Dimanche, Numericable-SFR a offert 10 milliards d’euros au groupe de construction pour lui racheter sa filiale télécoms. La proposition, qui pourrait être améliorée, sera examinée demain par le conseil d’administration de Bouygues. Si Martin Bouygues n’a pas cessé de répéter ces derniers mois vouloir rester dans les télécoms, le prix mérite réflexion : il est supérieur à la valeur de 8 milliards attribuée par les analystes à Bouygues Telecom et représente à lui seul 90% de la capitalisation boursière actuelle de Bouygues.

Pour se séparer de sa filiale, Bouygues réclamerait néanmoins 11 milliards. Il exige aussi des garanties sur la réussite de l’offre. Outre son financement, qui fera appel à une dette conséquente comme Patrick Drahi a l’habitude de le faire, Numericable-SFR va devoir trouver les moyens de rendre acceptable par les autorités le rapprochement entre les numéros deux et trois des télécoms français. Selon le schéma révélé hier, et comme cela avait été envisagé en 2014 lors de la tentative de reprise de SFR, Iliad rachèterait à Bouygues une partie des actifs dont il a besoin pour accélérer le déploiement de Free Mobile. Orange, qui voit dans ce rapprochement le moyen de mettre fin à la guerre commerciale qui fait rage depuis 2012, reprendrait pour sa part des salariés de Bouygues Telecom pour pallier les importants départs à la retraite des prochaines années.

Les obstacles sont nombreux. Hier, Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, a exprimé ses réserves :«Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur». Le ministre s’inquiète des conséquences sociales, d’une chute des investissements et d’une possible remontée des prix. D’un point de vue patrimonial aussi, la consolidation n’est pas favorable à l’Etat au moment où il met aux enchères des fréquences libérées par la télévision. Selon la procédure dévoilée vendredi, la vente de ces actifs doit rapporter un prix minimal de 2,5 milliards d’euros à l’Etat. La consolidation entre opérateurs rendrait les besoins en fréquences moins criants et réduirait la compétition lors des enchères. Les dossiers doivent être remis à la fin du troisième trimestre. D’où l’empressement de Patrick Drahi.

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