Orange et Free gagnent à voir disparaître un concurrent

Une fusion Bouygues Telecom-SFR assagirait le marché et Iliad pourrait récupérer des actifs
Olivier Pinaud

En arrière plan de la lutte entre Bouygues Telecom (BT) et Numericable pour SFR, deux hommes se frottent les mains: Stéphane Richard, le PDG d’Orange, et Xavier Niel, le premier actionnaire d’Iliad. Spectateurs, les deux opérateurs ont tout intérêt à le rester. Que SFR tombe entre les mains de BT ou de Numericable, le mouvement se soldera par la disparition d’un concurrent. Sans rien faire, les cours d’Orange et d’Iliad ont d’ailleurs gagné hier respectivement 10,53% et 6,96%.

Le marché du fixe, déjà mâture, passerait de cinq à quatre acteurs principaux, ce qui limiterait le risque d’escalade de violence tarifaire après l’offensive lancée par BT dans l’ADSL la semaine dernière. Surtout, le marché du mobile, ultra concurrentiel, reviendrait à trois acteurs. Une concentration déjà opérée en Grande-Bretagne, en Autriche et en cours d’examen en Allemagne, où Telefonica Deutschland projette de racheter E-Plus, la filiale locale de KPN.

La direction de Bouygues a assuré hier que les synergies de 10 milliards d’euros promises en cas de rapprochement avec SFR ne sont pas le résultat d’une remontée des tarifs dans le mobile. «Notre projet vise à maintenir la compétition dans le secteur», a répété Philippe Marien, le directeur financier de Bouygues, devant les analystes financiers. Dans les obligations que ne manquerait pas d’imposer l’Autorité de la concurrence en cas de feu vert à un rapprochement BT-SFR, l’une d’elles pourrait justement porter sur un contrôle des prix.

Même sans hausse des prix, selon les analystes de HSBC, le passage de quatre à trois opérateurs mobiles aurait une vertu. Le rééquilibrage du marché relancerait les investissements des opérateurs ce qui permettrait de réduire les coûts unitaires et d’accroître le trafic sur les réseaux. «Hors investissement, la donnée avec la technologie 4G est ainsi deux fois moins coûteuse à produire pour un opérateur qu’avec la 3G», explique le dirigeant d’un opérateur.

Dans ce contexte, «Iliad est le meilleur moyen de jouer la consolidation du marché français des télécoms», indique UBS. L’opérateur de Xavier Niel pourra racheter les actifs (réseaux, fréquences…) que devra céder BT pour rendre la fusion acceptable. De quoi lui permettre de se passer plus rapidement de l’accord d’itinérance avec Orange. Certes essentiel au moment du lancement de Free Mobile, celui-ci pourrait encore coûter 700 millions d’euros à Iliad en 2014.

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