Mettons fin aux dérives pour protéger le modèle de microcrédit français

Riadh Alimi, président fondateur de Finfrog
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Riadh Alimi, président fondateur de Finfrog

Dans le contexte de crise économique que nous traversons, de plus en plus de ménages se tournent vers des solutions de financement pour boucler leurs fins de mois. Les services visant à répondre à leurs besoins se multiplient, que ce soit sous forme de crédit ou de paiement fractionné. Certaines pratiques flirtent parfois avec les limites de la légalité ou de l’éthique. Il est urgent de mettre fin à ces dérives inspirées des payday lenders anglo-saxons pour garantir la protection des consommateurs, en particulier les plus fragiles.

Le microcrédit, s’il est correctement pratiqué, peut s’avérer un outil performant d’inclusion financière, en répondant à des besoins de financement de petits montants non satisfaits par le secteur bancaire traditionnel, et une alternative avantageuse au découvert. C’est en partant de ce constat que la loi Lagarde a décidé en 2010 d’encourager le microcrédit social en France, en favorisant sa distribution au travers de réseaux d’acteurs associatifs et publics, à destination d’un public fragile. En s’inscrivant dans ce mouvement, les acteurs privés peuvent, via leurs innovations technologiques, élargir considérablement la portée du microcrédit aux 10 millions de Français qui dépassent systématiquement leur découvert autorisé à la fin du mois.

Nous constatons aujourd’hui l’émergence en France d’un certain nombre d’offres de payday lending, inspirées de modèles anglo-saxons. Ces offres d’avance de cash portent sur des prêts de petits montants et de très courte durée, et se caractérisent souvent par un coût anormalement élevé et l’application d’options tarifaires opaques et coûteuses. Ces pratiques sont aux antipodes de l’esprit de la réglementation française sur la protection du consommateur. Nous pouvons en effet collectivement nous réjouir de disposer d’un cadre réglementaire français particulièrement protecteur pour le consommateur, qu’il convient de préserver.

Il est temps d’agir. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les pratiques douteuses de payday lending ont déjà fait l’objet de procédures judiciaires, concomitantes à de nouvelles réformes réglementaires. Nous disposons aujourd’hui en France d’un corpus réglementaire robuste, qui permet de lutter contre ces abus. Attachons-nous à le faire appliquer et faisons-le évoluer pour devancer l’émergence de ces nouveaux modèles aux pratiques contestables, en encadrant plus fortement la tarification de toutes les formes de financement à court terme. A l’heure où les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire fragilisent de nombreux ménages, il est plus que jamais nécessaire de développer un modèle adapté aux enjeux d’aujourd’hui, alliant innovation et respect du consommateur.

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