
L’OPA sur le Club Med a remis en question le dispositif de dernière enchère
Lors de la mémorable bataille boursière autour du Club Méditerranée, l’AMF a utilisé pour la première fois son processus d’accélération des enchères, avec succès puisque l’un des concurrents, Andrea Bonomi, a décidé de ne pas surenchérir une quatrième fois. Le régulateur n’a donc pas eu besoin d’user de son arme ultime, le mécanisme de dernière enchère. Aurait-il pu le faire ?
Avec ce dossier, l’AMF a pris conscience des limites de sa propre régulation. «Nous allons devoir retravailler ce […] texte, car sa mise en œuvre nous est apparue délicate», a récemment déclaré aux Echos, le président de l’AMF, Gérard Rameix.
«L’intention du régulateur de prévoir ce dispositif de dernière enchère est louable, puisque pendant toute la période d’offre la vie de l’entreprise est limitée, ne pouvant faire appel au marché, même si le dernier alinéa de l’article 232-13 prévoit la possibilité d’une reprise du jeu normal des enchères dans l’hypothèse d’une offre d’une tierce personne», rappelle Jean-Marc Franceschi, associé chez Hogan Lovells.
Quel est alors le sens de ce dispositif «si un troisième acteur peut toujours lancer au dernier moment une offre concurrente, venant le cas échéant renforcer celle de l’un des deux initiateurs, ce qui a pour effet de remettre les compteurs à zéro d’après le règlement général de l’AMF ? s’interroge Frank Martin Laprade, avocat associé chez Jeantet. C’est un exemple parmi d’autres des raisons pour lesquelles il peut sembler nécessaire de réécrire ce texte, qui ne permet pas de répondre à l’ensemble des situations rencontrées en pratique».
Le processus de dernière enchère «devrait également être revisité à la lumière du seuil de caducité automatique récemment instauré par la loi Florange, poursuit Frank Martin Laprade. En effet, si les deux concurrents se maintiennent et que les conditions financières proposées dans le cadre de leurs offres respectives ne permettent pas de les départager, ce qui peut notamment arriver en cas d’OPE rivales, aucun d’eux n’arrivera à atteindre 50% et l’opération se soldera donc globalement par un double échec».
Surtout, «ce dispositif risque d’entrer en conflit avec les principes généraux des OPA, ajoute Jean-Marc Franceschi. En effet, le respect du ‘libre jeu des offres et de leurs surenchères’ (article 231-3 du règlement général de l’AMF), est mis à mal par la possibilité offerte à l’AMF d’imposer une dernière enchère».
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La Havane - En plein jour, un jeune homme marche dans un parc de La Havane tel un zombie. Erratique, il traîne des pieds, le regard perdu sous l’effet du «quimico», une drogue synthétique qui suscite l’inquiétude à Cuba. Dans un pays habitué à de faibles niveaux de toxicomanie, la consommation de cette drogue très addictive, moins chère et plus puissante que la marijuana, s’est répandue ces dernières années dans la capitale et jusqu’en province. Il y a encore trois mois, Josué Angel Espinosa, 21 ans, était totalement accro: «je ne pouvais pas manger un repas sans en consommer». Il devait fumer jusqu'à 15 cigarettes imprégnées de «quimico» (produit chimique, en français) pour pouvoir s’endormir, raconte-t-il à l’AFP. Il fait partie des cinq Cubains qui suivent une cure de désintoxication dans un centre d’accueil pour toxicomanes fondé il y a un an par le pasteur évangélique Rotyam Castro, 36 ans, dans la périphérie de la capitale. Il n’y a pas de statistiques officielles sur le nombre de consommateurs, mais le prédicateur estime que «la situation est devenue incontrôlable». «J’ai rencontré des jeunes (toxicomanes) dans la rue, dans le milieu interlope», mais aussi «des artistes, des musiciens, des professionnels» accros à cette drogue, énumère-t-il. Pour lui, l’essor récent de cette drogue de synthèse chez les jeunes s’explique autant par la profonde crise économique que traverse l'île communiste de 9,7 millions d’habitants que par son caractère addictif et son faible coût. Une dose peut coûter 100 pesos (environ 25 centimes de dollar), soit trois fois moins que le paquet de cigarettes le moins cher vendu sur l'île. Cette drogue est un cocktail élaboré à partir de «carbamazépine, benzodiazépine, phénobarbital» qui sont des médicaments psychotropes, «des anesthésiques pour animaux et même du formol, du fentanyl», a expliqué à la télévision cubaine Héctor Ernesto Gonzalez, expert militaire dans la lutte antidrogue du ministère de l’Intérieur. Les préparateurs clandestins de cette drogue la diluent et utilisent un spray pour imprégner des herbes aromatiques et un petit bout de papier, qui servent par la suite à confectionner un joint, d’où les noms de «quimico» ou de «papelito» (bout de papier) donnés à cette drogue. «Rigidité musculaire» «Je consommais beaucoup» cette drogue, raconte Gabriel Chéscoles, un plombier de 30 ans, qui est arrivé au centre de désintoxication «détruit», les cheveux longs, mal rasé et malodorant. Désormais plus apaisé, il décrit avec des gestes comment le «quimico» est roulé dans du papier à cigarette et comment le «papelito», également imprégné de substances addictives, est placé à son extrémité pour accentuer l’inhalation de la drogue. L’effet d’une dose est «entre 50 et 100 fois supérieur à celui du tétrahydrocannabinol (THC)», le principal composant psychoactif du cannabis, selon l’expert militaire. Sur des vidéos qui circulent régulièrement sur les réseaux sociaux, de jeunes Cubains sont vus en train d’errer dans les rues, désorientés, parlant tout seuls, le regard perdu. Certains s’effondrent ou convulsent après une overdose. Les symptômes vont de l’euphorie à la somnolence, en passant par les nausées, les convulsions, la tachycardie, l’hypertension, voire des arythmies graves et un manque de coordination dans les mouvements, a détaillé à la presse officielle Elizabeth Céspedes, directrice du Centre de désintoxication des adolescents du ministère de la Santé. «D’où les positions contractées dues à la rigidité musculaire et la démarche de type zombie», explique la spécialiste. Cuisinier, Luis Yankiel Zambrano, 33 ans, était «esclave» de la drogue depuis dix ans lorsque sa famille a fait appel au centre de désintoxication. «Dernièrement, je pleurais et disais à ma mère que je ne pouvais plus continuer comme ça», explique-t-il. Face à cette situation alarmante, les autorités ont durci les sanctions contre les trafiquants et ont lancé en décembre une campagne de prévention dans les quartiers considérés comme à risque. L’AFP a demandé aux autorités un accès à un «barriodebate», une activité de quartier destinée à prévenir le phénomène, mais n’a pas reçu d’autorisation. Dans le centre d’accueil gratuit, le processus de désintoxication se déroule sans médicaments, entre psaumes et prières, cours de comportement et travail collectif. Après trois mois, Josué Angel Espinosa et Luis Yankiel Zambrano rêvent d’ouvrir leur entreprise pour subvenir à leurs besoins et soutenir le centre qui les a sortis de la drogue. Gabriel Chéscoles reconnaît qu’il n’est pas encore prêt, mais se réjouit des progrès accomplis: «Ma mère a changé d’attitude, mon père me soutient. J’ai retrouvé la confiance et l’affection de tous». Rigoberto DIAZ © Agence France-Presse -
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