L’intransigeance de Perrigo fragilise Mylan face à son prédateur Teva

Perrigo a rejeté une nouvelle offre d’acquisition de Mylan, qui en est réduit à mettre en place un mécanisme de pilule empoisonnée face à Teva.
Antoine Landrot

Mylan n’a pas dit son dernier mot dans la bataille qui l’oppose à son prédateur Teva Pharmaceutical. Le fabricant américain de médicaments génériques, qui veut pour l’instant rester indépendant mais cherche absolument à grossir, a nettement amélioré les termes de son offre sur l’irlandais Perrigo, qui ne s’est pas laissé séduire.

Mylan propose désormais 75 dollars en numéraire et 2,3 de ses actions pour chaque titre Perrigo, alors que le projet initial – formulé le 8 avril mais rejeté 13 jours plus tard – prévoyait 60 dollars et 2,2 actions. Perrigo est donc désormais valorisé 34,1 milliards de dollars (soit 232,2 dollars par action sur la base du cours de Mylan le 8 avril), contre 28,9 milliards à l’origine (soit 205 dollars par titre).

Mais l’entreprise irlandaise refuse ce calcul: «L’annonce faite par Mylan suggère un prix inférieur à la proposition initiale». Car Perrigo considère que la valeur du titre Mylan retenue par ce dernier pour chiffrer son offre est artificiellement gonflée par l’intérêt que lui porte Teva: «En se référant au prix non affecté de 55,31 dollars par action du 10 mars, le dernier jour de cotation avant les rumeurs évoquant une possible offre de Teva sur Mylan ne se répandent, la valeur de l’offre retraitée est de 202,2 dollars par action Perrigo».

L’enjeu est de taille pour Mylan: depuis le 21 avril, il est la cible de Teva, le numéro un mondial des génériques, qui a fait une offre de 40,1 milliards de dollars (ou 82 dollars par action), financée pour moitié en numéraire, moitié en titres. Pour les convaincre de refuser, Mylan doit proposer à ses actionnaires un projet de croissance.

Le jeu est d’autant plus serré que Teva est prêt à se montrer plus généreux. Hier, le laboratoire israélien a indiqué aux analystes qu’il disposait d’une marge de manœuvre pour améliorer son offre. Certains anticipent un prix de 90 dollars par action, d’autres parient sur une part supérieure en numéraire.

Mylan tente de son côté de se protéger. Ayant délocalisé son siège aux Pays-Bas l’année dernière pour des raisons fiscales, il vient de créer une fondation indépendante de droit néerlandais, ou stichting, qui pourrait exercer une option d’achat pour acquérir de nouvelles actions privilégiées représentant la moitié des actions émises par le groupe. Mais cette pilule empoisonnée est d’une utilité incertaine selon plusieurs analystes, du fait de l’indépendance des membres du comité de direction de cette fondation.

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