L’intérêt actuel d’une cotation en Bourse divise les spécialistes

La lourdeur administrative, les coûts et la difficulté d’en sortir ne compensent pas toujours la possibilité de lever des fonds dans les meilleures conditions.
Bruno de Roulhac

Y-a-t-il encore un intérêt pour une entreprise à se coter en Bourse? Des experts se sont penchés hier sur cette question au cours d’un colloque organisé par le think tank Droit & Croissance.

La récente reprise des IPO à Paris ne doit pas cacher une tendance de fond inquiétante. Depuis 2002, les Bourses mondiales perdent 2.000 sociétés par an, dont 80% de sorties de cotes dans l’OCDE. Sur la seule Place parisienne, 700 delistings ont été enregistrés entre 2002 et 2012. Mais pourquoi une telle désaffection ? D’autant que la Bourse permet de lever des fonds dans d’excellentes conditions et au meilleur prix, offre visibilité et notoriété, motive les salariés et facilite le recrutement, insiste Yannick Petit, PDG d’Allegra Finance. Quant aux actionnaires, ils trouvent une liquidité facilitant la cession de leur participation.

Pour la directrice générale de MiddleNext, Caroline Weber, au moins 500 entreprises pourraient se coter mais ne viennent pas en raison d’un marché déstructuré, de la lourdeur administrative (574 instructions ou positions de l’AMF pour se coter), et de la nécessité de publier des comptes en IFRS, que personne ne comprend. «Le droit boursier est conçu pour des grandes entreprises au capital dilué et non pour des PME avec un flottant de 20% en moyenne», ajoute Caroline Weber, rappelant que les frais de cotation s’élèvent en moyenne à 600.000 euros, et note l’absence d’adéquation coût/prix. Une entreprise ne va pas lever 5 millions d’euros si le prospectus lui coûte 1 million.

Parallèlement, une centaine de sociétés attendent de quitter la Bourse. Rien de surprenant alors que la moitié des entreprises cotées n’ont jamais fait appel au marché, note MiddleNext. Tandis que beaucoup d’entreprises se sentent prisonnières, Euronext travaille actuellement sur une réforme.

Pour sa part, Frank Martin Laprade, avocat associé chez Jeantet, regrette que la réforme sur les introductions en Bourse initiée par l’AMF ne soit pas allée plus loin. L’avocat déplore que l’AMF ait imposé que 10% des offres sur le marché réglementé soient réservés aux particuliers, ce qui entraine un processus de cotation beaucoup plus lourd. «Le meilleur moyen de protéger le public n’est pas forcément de le faire rentrer en Bourse lors de l’introduction», estime Frank Martin Laprade.

Néanmoins, l’ensemble du groupe de travail était favorable à la présence de particuliers, précise Yannick Petit.

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