L’Etat néglige son hors-bilan

PHILIPPE MUDRY
Philippe Mudry - Directeur général - L'AGEFI

La démission du directeur financier d’EDF n’est pas une crise de gouvernance de plus à la tête d’une entreprise publique, mais un nouveau symptôme d’une crise de la gouvernance publique résultant de l’incapacité de l’Etat à assumer les suites financières de ses choix. Le calendrier a pesé dans la décision de Thomas Piquemal aussi bien que le fond du dossier Hinkley Point. Le calendrier, c’est que la décision de lancer ce super-chantier survient alors qu’aucun des EPR en construction n’est opérationnel, que le prix de l’électricité s’effondre et que le montage financier reposant sur EDF n’est pas bouclé. Le fond, c’est la situation financière tendue d’EDF et une capitalisation boursière inférieure au montant global du projet ! Compte tenu des masses en cause, le groupe peut-il y engager ses fonds propres avant de s’être redressé ? Cette question ressemble beaucoup à celle posée par un autre démissionnaire-clé de la sphère publique, le président de SNCF Réseau, Jacques Rapoport. Lui aussi a voulu attirer l’attention sur la réalité financière du rail français, affecté par un sous-investissement massif et ancien. Or si l’Etat juge sa rénovation prioritaire, les budgets ne suivent pas. L’endettement de SNCF Réseau avoisine 40 milliards et augmente de 1,5 milliard par an. Limiter le sacro-saint déficit au sens de Maastricht s’impose bien sûr. Mais quel intérêt dès lors que l’Etat laisse ainsi filer ses engagements hors bilan?

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