Les équipementiers aéronautiques peinent à tenir la cadence

Au moment où s’ouvre le salon du Bourget, les difficultés de Zodiac illustrent les tensions provoquées par l’afflux de commandes.
Olivier Pinaud

La question occupera une grande partie des discussions lors du salon du Bourget qui débute aujourd’hui. Comment arriver à répondre à la demande mondiale d’avions sans risquer une rupture de la chaîne d’approvisionnement? Selon les derniers chiffres de Boeing, les compagnies aériennes, passagers et fret, prendront livraison de 38.050 avions au total d’ici à 2034, pour une valeur totale de 5.600 milliards de dollars. Une visibilité qu’envient de nombreuses industries mais qui impose une cadence infernale, et coûteuse, aux fournisseurs de Boeing et d’Airbus.

Dernière victime en date, Zodiac. Malgré des usines qui tournent à plein régime et des capacités de production augmentées, le groupe français n’arrive pas à fournir dans les temps les sièges commandés par les fabricants d’avions, notamment en raison d’un manque régulier de pièces. Un peu plus de 700 sièges sortent chaque jour des usines de Zodiac mais cela ne suffit toujours pas. Son retard par rapport aux commandes de Boeing et d’Airbus atteint encore près de 1.700 pièces par mois. En mars, il culminait à 6.000. Conséquence, ses coûts dérapent. Zodiac a lancé jeudi son quatrième avertissement sur résultats dû aux sièges en moins d’un an. Selon JPMorgan, la résolution de ces retards aura coûté 200 millions d’euros à Zodiac lors de l’exercice 2014-2015.

En début d’année, le Gifas, le syndicat des sociétés aéronautiques, s’était inquiété de la situation. Emmanuel Veillard, directeur général du groupe Lisi et en charge des équipementiers au Gifas, avait indiqué que pour répondre à 1 dollar de chiffre d’affaires, les sous-traitants avaient dû investir 1 à 1,2 euro. Depuis, la chute de la monnaie unique leur a redonné un peu d’air. Mais de nombreux équipementiers ont connu de vives tensions sur leur trésorerie. Une partie des difficultés récentes de Latécoère provient d’ailleurs de sa difficulté à tenir les cadences dans les coûts impartis.

Face à cette situation, l’industrie a mis en place avec Bpifrance un fonds sectoriel destiné à soutenir la consolidation de la filière mais aussi à voler au secours des sociétés en manque de trésorerie. Géré par Ace management, et doté de 150 millions d’euros, le troisième fonds Aerofund a été lancé en 2013. L’autre difficulté des sous-traitants sera de gérer la phase de plateau, période à partir de laquelle les commandes commenceront à stagner avant de décroître.

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