Les entreprises nourrissent les espoirs de reprise

Les sociétés européennes ont particulièrement profité des effets change et pétrole au 2e trimestre.
Antoine Landrot

Encore une fois, les entreprises européennes et américaines ont déjoué les pronostics à l’occasion de la publication de leurs comptes trimestriels. Alors que les analystes faisaient preuve de pessimisme dans leurs anticipations pour le deuxième trimestre en raison des incertitudes macro-économiques, 74% des sociétés de l’indice américain S&P 500 et 64% des sociétés composant l’indice européen DJ EuroStoxx ont battu les estimations de bénéfice par action (BPA) à fin juillet, en moyenne de 4% pour les premières et de 8% pour les secondes, selon JPMorgan Cazenove.

Les entreprises européennes affichent leur plus forte progression depuis que le courtier a commencé à compiler ces chiffres en 2009. Aurel BGC, à partir de données Factset, rapporte des tendances très proches: sur les 424 membres du S&P 500 ayant publié au 5 août, 76% des publications de BPA et 55% des chiffres d’affaires sont au-dessus des attentes. Les 169 entreprises européennes du DJ EuroStoxx ayant publié (soit 54% de l’indice) dépassent les attentes dans 68% des cas en termes de BPA et 74% en termes de revenus.

Les comptes du deuxième trimestre sont en eux-mêmes de bonne facture, au-delà de l’aspect subjectif des anticipations. Selon Aurel BCG, les BPA sont en hausse sur un an de 61,4% dans le cas du S&P 500 et de 64,1% pour le DJ EuroStoxx. Selon NN Investment Partners, le bénéfice net des sociétés de l’Eurozone a progressé de 15,5% en moyenne.

D’un point de vue général, la faiblesse des prix du baril n’a handicapé que les sociétés pétrolières ou parapétrolières; ailleurs, elle a réduit la facture énergétique ou a permis des baisses de tarifs. Aux Etats-Unis, le BPA a reculé en moyenne de 3% par rapport à la même période en 2014, mais progresse de 3% si l’on exclut le secteur énergétique. En Europe, il est stable, mais augmente de 7% hors-énergie.

Les entreprises américaines ont su compenser les effets de la hausse du dollar. Elles «annoncent un recul de leurs ventes [...], mais de solides croissances du chiffre d’affaires hors effet de change», rappelle Aurel BG. Elles n’ont pas non plus hésité à utiliser des moyens court-termistes pour limiter l’effet du recul de leur chiffre d’affaires sur le BPA. «De nombreuses entreprises ont coupé leurs investissements et accéléré leurs programmes de rachat d’actions», souligne le courtier.

A contrario, les entreprises européennes ont largement profité de l’effet de change. En pesant sur l’euro, la crise grecque a joué en faveur des corporates. Au cours du deuxième trimestre, la devise a quasiment atteint un plancher depuis douze ans par rapport au dollar. Les analystes d’UBS estiment ainsi que l’effet change aura été au cours du deuxième trimestre 2015 le plus positif depuis près de vingt ans pour les sociétés du Vieux Continent. Des sociétés industrielles comme Daimler, Siemens ou PSA ont souligné son importance, tout comme les sociétés de logistique comme Kühne & Nagel.

Par ailleurs, en facilitant l’accès au crédit, la politique de taux accommodante menée par la BCE soutient la demande, comme l’ont souligné HeidelbergCement, Assa Abloy, Smurfit et Danone.

Les filiales européennes des multinationales américaines ont également profité de l’embellie en des proportions inattendues par leurs responsables eux-mêmes. Les dirigeants de DuPont, de General Motors et de Paccar ont affirmé leur confiance dans la croissance en Europe.

Ces éléments positifs ont aidé les corporates à compenser le ralentissement des activités dans les pays émergents.

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