Les entreprises européennes n’utilisent pas leurs réserves de cash

Les 672 sociétés notées par Moody’s disposent de 870 milliards d’euros, un montant en hausse de 6% sur un an.
Bruno de Roulhac

Prudentes dans leurs projets d’investissements et de croissance externe, les entreprises voient leurs réserves de cash continuer à croître. Fin 2014, les 672 entreprises non financières de la zone Europe Moyen-Orient Afrique notées par Moody’s disposaient de 870 milliards d’euros de trésorerie, un montant en hausse de 6% sur un an. L’agence de notation anticipe une stabilisation ou une légère diminution à l’avenir.

Surtout, près d’un quart de cette somme, soit 211 milliards, est entre les mains de seulement dix entreprises. Les cinq premières, Volkswagen, EDF, BP, Fiat Chrysler et Poste Italiane, détiennent chacune entre 23 et 26 milliards en réserve. De fait, ce sont les secteurs automobile, de l’énergie, des télécoms et des services aux collectivités qui dégagent le plus de cash-flow. Ils pèsent 490 milliards d’euros, soit 56% du total, une proportion stable depuis 2013. Ce mouvement de concentration s’accélère, constate Moody’s, les grandes entreprises «investment grade» accumulent du cash tandis que les sociétés récemment notées sont le plus souvent très endettées.

Ces sociétés pourraient envisager d’utiliser ces réserves de cash, notamment pour leurs investissements, estime l’agence de notation. «Alors que nous attendons que l’activité de fusion-acquisitions reste soutenue en 2015, les sociétés trouvent plus attrayant de financer leurs opérations par la dette plus que d’utiliser leur trésorerie en raison de l’abondance de liquidités et des faibles taux d’intérêt», note Jean-Michel Carayon, senior vice-president chez Moody’s. Avec des réserves de cash qui ont bondi de 69% entre 2008 et 2014, les sociétés européennes devraient donner la priorité à la croissance, interne comme externe. Néanmoins, l’agence de notation anticipe que le marché obligataire européen reste la principale source de financement des grandes entreprises, et de plus en plus pour les ETI.

Les tendances sont toutefois contrastées en fonction des pays. L’an dernier, les réserves de cash ont diminué en Russie, notamment avec la baisse des prix du pétrole; Gazprom et Rosneft ont ainsi quitté le Top 10. Les entreprises allemandes ont aussi enregistré un recul, imputable à BMW, Daimler et Volkswagen, tandis que les sociétés italiennes ont fait le mouvement inverse, avec un niveau deux fois plus élevé qu’en 2008, reflétant la plus grande prudence des émetteurs.

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