
Les émissions élevées de carbone pèsent sur l’avenir des énergéticiens allemands

La forte exposition des compagnies électriques allemandes aux sources d’énergie carbonée constitue une menace significative sur leur rentabilité future, montre le rapport publié aujourd’hui par le CDP («Carbon Disclosure Project»), organisation non gouvernementale basée à Londres. L’organisme a établi un classement des treize plus grands énergéticiens européens, qui prend en compte leur exposition globale aux émissions de CO², la part spécifique de leur production issue du charbon et des énergies renouvelables, ainsi que les contraintes hydriques auxquelles elles font face.
Sur l’ensemble de ces critères, E.ON, EnBW et RWE ressortent respectivement à la 9e, 12e et 13e place, principalement en raison d’une production d’électricité qui fait encore la part belle au charbon, notamment au lignite encore plus polluant que la houille. Sur la base d’un prix du carbone de 4,4 euros par tonne sur le marché européen en 2013, l’impact négatif de la contrainte carbone représentait 688 millions d’euros sur l’exercice correspondant pour RWE, soit 10% de son résultat d’exploitation (Ebit) hors éléments non récurrents, contre 7% pour EnBW et 4% pour E.ON. Depuis début 2015, le prix moyen du carbone évolue autour de 7 euros. En retenant un prix de 18 euros qui inciterait les producteurs d’électricité à remplacer le charbon par le gaz, l’effet négatif sur l’Ebit atteindrait respectivement 43%, 28% et 18%.
EDF et GDF Suez arrivent en 6e et 8e position dans ce classement. «Bien que seulement 15% de la production d’EDF soit d’origine fossile, celui-ci ne recueille que la deuxième meilleure note sur son exposition globale au CO² car sa production est réalisée à 95% dans l’Union européenne», explique à L’Agefi James Magness, responsable de la recherche investisseurs au CDP. «Sa dépendance au mécanisme d’échange de quotas d’émission mis en place dans la région est donc plus élevée que pour des concurrents ayant une plus large diversification géographique», précise-t-il.
Le groupe le plus vertueux est l’espagnol Iberdrola, qui a fortement réduit l’utilisation du charbon et du gaz dans son mix-énergétique au profit de sources renouvelables, suivi de Centrica et de Verbund. L’énergéticien britannique dispose d’une électricité issue du nucléaire et de centrales à gaz à cycle combiné, tandis que 87% de la production de son homologue autrichien est d’origine hydroélectrique.
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Procès du « Bloody Sunday » : un ancien soldat britannique jugé à Belfast, des décennies après le drame
Belfast - Au premier jour du procès d’un ancien soldat britannique, accusé de deux meurtres et cinq tentatives de meurtre lors du «Bloody Sunday», épisode sanglant du conflit nord-irlandais, l’accusation a décrit les tirs «injustifiés» des militaires ce jour-là. Aucun soldat n’a jusque-là été jugé pour ce «dimanche sanglant», le 30 janvier 1972 à Londonderry, ville également connue sous le nom de Derry, quand des parachutistes britanniques avaient ouvert le feu sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant 13 morts. L’armée britannique avait affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs de «terroristes» de l’IRA (Armée républicaine irlandaise, paramilitaires opposés à toute présence britannique sur l'île d’Irlande), une version alors confortée par un rapport réalisé à la hâte. Malgré tous les témoignages contredisant cette version, il a fallu attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l’innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc. Surnommé «soldat F», l’ancien parachutiste jugé depuis lundi est accusé de deux meurtres, ceux de James Wray et William McKinney, et de cinq tentatives de meurtre, lors de la répression de ce rassemblement. En décembre, il avait plaidé non coupable devant le tribunal de Belfast. Il comparait libre à son procès, qui doit durer plusieurs semaines. «Intention de tuer» Comme en décembre, il est apparu dissimulé derrière un rideau pour protéger son anonymat, ses avocats ayant fait valoir des risques pour sa sécurité. «Les tirs étaient injustifiés. Les civils (...) ne posaient aucune menace pour les soldats et ces derniers ne pouvaient pas croire à l’existence d’une menace», a affirmé le représentant de l’accusation, Louis Mably, à l’ouverture des débats. «Les tirs (...) ont été menés avec l’intention de tuer, ou au moins avec l’intention de causer un préjudice vraiment grave», a-t-il insisté. Avant l’ouverture de l’audience, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal en soutien aux familles des victimes a constaté un journaliste de l’AFP. «Il nous a fallu 53 ans pour en arriver là, et nous avons surmonté tous les obstacles», a déclaré John McKinney, le frère de William McKinney, saluant «un jour crucial» dans son combat pour «obtenir justice». Non loin de là, une poignée d’anciens combattants de l’armée britannique étaient également présents. «Beaucoup d’anciens combattants ressentent aujourd’hui de la frustration, de la colère, et se sentent trahis», a déclaré David Johnstone, le président du Bureau des anciens combattants d’Irlande du Nord, une organisation chargée de soutenir les ex-soldats de l’armée britannique dans la province. 3.500 morts en 30 ans Le parquet nord-irlandais avait engagé des poursuites pénales contre «soldat F» en 2019. Elles avaient ensuite été abandonnées, puis relancées en 2022. Le massacre du «Bloody Sunday» - immortalisé par le tube du groupe de rock irlandais U2 «Sunday Bloody Sunday» (1983) - avait eu pour effet de précipiter de nombreux jeunes catholiques républicains dans les bras de l’IRA. Il est l’un des moments les plus sombres des trois décennies de «Troubles» qui ont opposé républicains, surtout catholiques, partisans d’une réunification avec l’Irlande, et unionistes protestants, défenseurs de l’appartenance de l’Irlande du Nord à la Couronne britannique. En 1998, l’accord de paix du Vendredi Saint a mis un terme à ce conflit qui a fait quelque 3.500 morts. En 2010, à la suite de la plus longue enquête publique de l’histoire britannique qui avait reconnu l’innocence des victimes du «Bloody Sunday», le Premier ministre de l'époque, David Cameron, avait présenté des excuses officielles, qualifiant d’"injustifiables» les faits survenus ce jour-là. Depuis la fin du conflit nord-irlandais, seul un ancien soldat britannique a été condamné: début 2023, une peine de trois ans avec sursis a été prononcée contre David Holden, qui avait tué un homme à un check-point en 1988. Une loi très critiquée votée en 2023 sous le précédent gouvernement conservateur et baptisée «Héritage et réconciliation» a mis fin à la plupart des poursuites pénales pour les crimes commis pendant la période des «Troubles». Le Labour s’est engagé à abroger certaines dispositions. Peter MURPHY © Agence France-Presse -
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