Les activités fixes n’ont jamais été aussi rentables pour Free

L’ADSL a généré 737 millions d’euros de cash-flows libres l’an dernier. Une quasi-rente qui permet de financer les prises de parts de marché dans le mobile.
Olivier Pinaud

Il y a le rêve et la réalité. Alors que depuis le rachat en 2014 de SFR par Numericable la spéculation bat son plein sur une poursuite du mouvement de consolidation du marché français des télécoms, Xavier Niel, le fondateur et premier actionnaire d’Iliad (Free), a du mal à y croire. Pour plusieurs raisons, a-t-il rappelé hier, lors d’une conférence avec les analystes financiers.

D’une part, Bouygues rappelle à qui veut l’entendre qu’il n’a pas l’intention de céder son opérateur. Or, la consolidation passera nécessairement par un rachat de Bouygues Telecom, l’opérateur le plus faible du marché. D’autre part, Iliad n’a plus l’intention de participer à un éventuel mouvement, en reprenant des actifs. De quoi tuer dans l’œuf tout espoir de fusion: si Bouygues Telecom venait à tomber dans l’escarcelle de Numericable-SFR, 90% du marché serait réparti entre les mains de deux seuls opérateurs, Numericable-SFR et Orange, ce qui serait certainement bloqué par l’autorité de la concurrence.

Si ses propos doivent être pris avec prudence, dans un secteur habitué aux coups de bluff, d’un point de vue financier, le statu quo actuel n’est pas pour déplaire à Xavier Niel. L’extrême rentabilité de Free dans le fixe (ADSL) permet de financer ses prises de parts de marché dans le mobile. En 2014, le fixe a généré à lui seul 737 millions d’euros de cash-flows disponibles, contre 636 millions en 2013. L’activité transforme 28% de son chiffre d’affaires en cash-flows libres. Depuis le premier semestre 2014, le groupe ne sépare plus son Ebitda entre activités fixes et mobiles. Mais compte tenu d’un revenu moyen par abonné relativement stable, il est probable que la marge d’Ebitda soit restée proche de celle de 2013 à savoir 43%.

Sans la quasi-rente du fixe, et malgré ses 15% de parts de marché, l’activité mobile aurait été incapable d’autofinancer ses investissements. L’an dernier, Iliad a investi 968 millions d’euros au total, essentiellement pour déployer son réseau mobile afin de s’affranchir du coûteux contrat d’itinérance signé avec Orange en 2012 au lancement de Free Mobile. Selon Iliad, environ 70% du trafic mobile de ses abonnées passe désormais sur son propre réseau.

Pour 2015, grâce à ces investissements, Xavier Niel a promis une «explosion» des profits dans le mobile. Il a également laissé planer le suspense sur une nouvelle offensive tarifaire : «laissez-nous encore quelques semaines, quelques mois ou encore plus».

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