
Le secteur de l'énergie cède à la vogue des «YieldCos»
Il y a eu la vogue des Real Estate Investment Trusts (REITs) dans les années 60 puis celle des Master Limited Partnership (MLPs) dans les années 80. Il y a désormais celle des YieldCos dans l’énergie. Ces créations juridiques et financières n’ont qu’un seul but: détenir des actifs régulés, aux cash-flows relativement certains, et en reverser environ 80% à 90% aux actionnaires.
Depuis un peu plus d’un an, six structures de ce genre nouveau ont été introduites en Bourse aux Etats-Unis par des groupes d’énergie, dont une de la part de l’espagnol Abengoa, premier groupe européen à céder à la vogue. Pour la maison mère, l’opération permet de récupérer du capital au moment de la vente en Bourse de parts dans sa YieldCo. Abengoa a ainsi fait remonter environ 800 millions d’euros lors de l’IPO de sa structure à New York. Un renforcement des fonds propres utile, qui permettra de réduire le coût du capital des projets développés par le groupe espagnol.
Pour les investisseurs, l’intérêt réside dans le rendement immédiat et dans la croissance espérée du dividende. Les montages prévoient en effet que la YieldCo soit la structure prioritaire d’acquisitions des actifs de la maison mère arrivés en exploitation, ce qui doit lui permettre d’accroître la taille de ses cash-flows, donc de son dividende. La YieldCo offre ainsi indirectement un autre intérêt pour la maison-mère en lui permettant de «trouver un acquéreur pour des actifs pas nécessairement faciles à vendre sur le marché secondaire», notent les analystes d’Exane BNP Paribas. Pour améliorer sa valorisation, la YieldCo est généralement composée d’actifs d’énergies renouvelables dont le traitement fiscal aux Etats-Unis est plus favorable que des actifs d’énergie «classiques» en permettant de créer plus de déficits reportables. Mais, en théorie, d’autres utilities, comme des distributeurs d’eau ou des groupes de recyclage, pourraient placer dans une YieldCo leurs actifs régulés.
Tentante pour des investisseurs à la recherche de rendements, ces structures ne sont pas sans risque. Une remontée des taux aurait par exemple une double conséquence, prévient BoA Merrill Lynch. D’une part, elle réduirait la valorisation de ces instruments ressemblant à des obligations. D’autre part, elle renchérirait l’acquisition des actifs auprès de la maison-mère, ce qui réduirait leur rentabilité et pèserait donc sur la croissance attendue du dividende.
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Lyon - Après des mois de faux suspens l’ancien patron de l’OL Jean-Michel Aulas a fait savoir jeudi qu’il officialiserait «dans quelques jours» sa candidature à la mairie de Lyon «sans étiquette» mais avec le soutien des LR. «Je prends la responsabilité d’ici quelques jours de me lancer dans l’aventure, sans étiquette, mais avec le soutien des gens les plus dynamiques», a déclaré le chef d’entreprise de 76 ans lors d’un point-presse à Lyon. «On est dans les starting blocks», a-t-il poursuivi aux côtés du patron des députés républicains Laurent Wauquiez et du maire LR du 2e arrondissement de Lyon Pierre Oliver, qui retire sa propre candidature pour le soutenir. Celui qui a présidé l’Olympique lyonnais pendant 36 ans incarne «la fierté lyonnaise» et «on est convaincus que c’est celui qui peut porter cette bataille pour remettre notre ville de Lyon dans la bonne direction», a dit Laurent Wauquiez pour justifier ce ralliement. Très critique des élus verts sur les réseaux sociaux, Jean-Michel Aulas avait fait savoir en février, dans les pages du Figaro, qu’il «réfléchissait» à se présenter aux élections municipales de mars 2026 face au maire écologiste sortant Gregory Doucet qui brigue un second mandat. Faute de candidat faisant l’unanimité dans leur camp, un grand nombre de responsables LR et macronistes locaux l’ont immédiatement rallié, misant sur sa notoriété pour reprendre la ville. L’entrepreneur, qui a fait fortune en vendant des logiciels de gestion, a aussi consulté de nombreux responsables nationaux comme l’ancien président Nicolas Sarkozy qui l’a adoubé en juin, ou l’ex-Premier ministre Gabriel Attal. «Marre» «Je me suis rendu compte que pour essayer de transformer les choses, de gagner sur le terrain (...) il fallait être unis», a-t-il dit jeudi pour expliquer son tempo, disant vouloir réunir des personnalités allant «du centre gauche à la droite». «Mon propos est de réunir tous les gens de bonne volonté qui en ont marre de la situation actuelle», a-t-il poursuivi. Après avoir décrit Lyon comme une ville «sale, taguée», il a déclaré vouloir «refaire ce que l’on a connu avant, c’est-à-dire un Lyon qui soit un modèle exemplaire en matière de cité». S’il n’a pour l’heure pas révélé son programme ni les noms de ceux qui figureront sur sa liste, JMA a égrené ces derniers mois de premières promesses. Sur le plan symbolique, il s’est engagé à renoncer à ses indemnités de maire. Ses détracteurs n’ont pas tardé à accuser la 310e fortune de France (selon le magazine Challenge) de démagogie. «Patience» Soucieux de se donner une coloration plus sociale dans une ville qui a donné ses quatre sièges de députés à la gauche en juillet, il a ensuite attaqué sur le terrain de prédilection des écologistes: les transports, en promettant notamment d'étendre la gratuité des bus, métro et trams pour les Lyonnais. Et pour satisfaire la droite, il a promis de mettre plus de caméras de vidéosurveillance et une police municipale des transports, accusant les écologistes d’avoir laissé la violence croître depuis leur élection à la ville et à la métropole en 2020. Même s’il glissait toujours un «si je suis candidat», Jean-Michel Aulas semblait à chaque fois plus près de se lancer. «Je ne vous ferai pas attendre très longtemps», déclarait-il ainsi le 19 juin. Début juillet, il avait finalement demandé «un petit peu de patience», disant vouloir d’abord aider l’OL à repousser la menace de rétrogradation administrative. Mais «aujourd’hui, j’ai envie de rendre à Lyon ce que Lyon m’a apporté», ajoutait-il immédiatement. Maintenant qu’il s’est lancé, il lui reste à convertir sa popularité en bulletin de vote. S’il jouit d’une meilleure image que Grégory Doucet, il ne le devancerait au premier tour (24% contre 22%), que dans le cas d’une gauche divisée, selon un sondage Elabe BFM publié en mai. Charlotte PLANTIVE © Agence France-Presse -
Le principal suspect dans l'affaire Maddie bientôt libre : inquiétudes en Allemagne face au risque de récidive
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Mort de Giorgio Armani : comment le couturier a façonné un empire du luxe
Paris - Bâtisseur d’un empire dans l’industrie du luxe, le couturier italien Giorgio Armani, décédé à l'âge de 91 ans, a marqué de son style épuré la mode, mais aussi le design et l’architecture d’intérieur. «Les robes, on les prend, on les jette. Je voulais faire quelque chose dont on se souvienne. Les gens verront ce que j'étais, ce que j’aimais», a-t-il résumé en 2010 dans une formule-testament après un grave problème de santé. Ce chantre de l'élégance, amoureux depuis les années 1980 du grège (la couleur de la soie brute, un gris teinté de beige), se targue d’une marque «style de vie» allant au-delà de la mode au sens strict. Créateur visionnaire, Armani se distingue dans la haute-couture, le prêt-à-porter, les accessoires, les parfums, les bijoux, mais aussi l’architecture d’intérieur et l’hôtellerie de luxe dans des villes comme Milan, Paris, New York, Tokyo, Séoul et Shanghai. En 2000, le Musée Guggenheim à New York le fait entrer au Panthéon des créateurs en lui consacrant une rétrospective. Né le 11 juillet 1934 à Piacenza (nord de l’Italie) dans une famille modeste d’origine arménienne, Giorgio Armani étudie deux ans la médecine avant de travailler comme étalagiste-décorateur à Milan pour les grands magasins La Rinascente, où il reste jusqu'à ses 31 ans. Passionné de photographie et de dessin, il voit sa vie bouleversée par sa rencontre avec Nino Cerruti, l’inventeur du «casual chic». «Nino avait un regard perçant, une vraie curiosité, la capacité d’oser», avait observé Armani après le décès de son mentor en janvier 2022. Cerruti lui confie sa nouvelle ligne de vêtements masculins, Hitman, et lui permet de dessiner ses propres collections, pendant sept ans. Le style souple, minimaliste et toujours élégant d’Armani fait florès chez les hommes comme chez les femmes et, en 1974, il créé la ligne de vêtements en peaux Armani by Sicons. En 2016, il renoncera à l’utilisation de toute forme de fourrure animale dans ses collections. Il s'établit à son compte en 1975 en créant à Milan la maison Giorgio Armani avec son compagnon Sergio Galeotti qui, lorsqu’il meurt du sida dix ans plus tard, le laisse seul maître à bord. Armani a depuis lors toujours voulu rester indépendant, refusant d'être coté en bourse. «American Gigolo» Armani habille rapidement les stars, de John Travolta à Lauren Bacall en passant par Diana Ross et Jack Nicholson. Avec la création de la garde-robe de Richard Gere dans le film «American Gigolo» (1980), il devient «Il Re Giorgio» («Le roi Georgio»). La populaire série américaine «Deux flics à Miami», symbole des années 80, transforme en classique le port d’un T-shirt sous une veste siglée Armani. En 2004, il s’associe avec Emaar, un géant immobilier de Dubaï, pour lancer la chaîne hôtelière de luxe Armani Hotels. Toujours méticuleux, après six ans de supervision à distance des moindres détails, il y inaugure son premier hôtel, dans la tour Khalifa, l’une des plus hautes du monde à 828 mètres. Après plusieurs réalisations aux quatre coins du monde, Armani se lance à la conquête de la Chine avec la conception de résidences de luxe à Chengdu (sud-est) et Pékin, avec l’institution culturelle Mind Group. Le «prince de la mode», au teint toujours hâlé faisant ressortir ses cheveux blancs et ses yeux bleus, a construit au fil des ans un empire comptant plus de 600 boutiques sur le globe et plus de 10.000 employés. Toujours indépendante, la société Giorgio Armani SpA (Giorgio Armani, Emporio Armani, A|X Armani Exchange) a enregistré un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros en 2024. Selon le classement annuel de la revue américaine Forbes, le couturier était en 2025 à la tête d’une fortune personnelle de 10,38 milliards d’euros, ce qui en faisait le 208ème plus riche homme du monde. Le Maestro, qui n’a jamais quitté la barre, n’avait pas d’enfant mais travaillait étroitement depuis longtemps avec des proches, notamment sa nièce Roberta. Valérie MIELNICKI © Agence France-Presse