Le modèle d’Iliad prend une tournure beaucoup plus risquée

L’opérateur a confirmé discuter avec des partenaires pour présenter une offre améliorée sur T-Mobile US. Il n’attend plus de consolidation en France
Olivier Pinaud

Avec 55% du capital, Xavier Niel a le pouvoir (et les moyens) d’assumer la chute de 27% du cours de l’action Iliad depuis la confirmation fin juillet du projet de rachat de T-Mobile US. Mais en faisant encore plonger le titre de l’opérateur de télécoms de 8,82% hier, à 152,45 euros, les autres actionnaires ont clairement réaffirmé leurs inquiétudes concernant le virage engagé par la direction. Le modèle éprouvé et fortement valorisé –montée en puissance de l’activité mobile en France puis consolidation du marché– est aujourd’hui remis en question.

«Il n’y aura pas consolidation du marché français», a tranché hier Xavier Niel, lors d’une conférence avec les analystes. Après avoir formulé une offre de l’ordre de 5 milliards d’euros pour Bouygues Telecom avant l'été, le fondateur d’Iliad est arrivé à la conclusion que Bouygues n’était pas réellement vendeur de son actif.

Face à cette nouvelle donne, et alors que sa croissance commence à ralentir en France, Xavier Niel s’est mis en quête d’un nouveau projet en mesure de «préparer la croissance des 10 prochaines années». Le dirigeant a regardé de nombreux dossiers, à titre personnel ou pour Iliad. Il a indiqué travailler notamment sur le marché allemand.

Mais à l’heure actuelle, la priorité reste T-Mobile. «Les Etats-Unis sont une opportunité unique», assure le dirigeant: premier marché mondial en valeur; un revenu moyen par abonné élevé, proche de 50 dollars; et enfin un régulateur indépendant désireux de maintenir quatre opérateurs. Selon Xavier Niel, T-Mobile US dispose d’une offre commerciale efficace mais sa structure de coûts n’est pas «optimale». «Générer du profit même avec des faibles prix, c’est notre savoir-faire. Celui-ci nous permettrait d’améliorer de 2 milliards de dollars l’Ebitda en 18 mois», a-t-il expliqué, grâce à des économies d’informatique, dans les charges centrales ou les coûts de distribution.

Reste à convaincre Deutsche Telekom, le propriétaire de T-Mobile. La première offre formulée à 33 dollars par action, pour 56% du capital, a été rejetée d’un revers de manche. Hier, la direction d’Iliad a reconnu discuter avec un certain nombre de partenaires potentiels afin de présenter une offre améliorée, portant sur plus de 56% du capital. Xavier Niel a réaffirmé devant les analystes que la dette n’excéderait pas 4,5 fois l’Ebitda, et confirmé un montant de 2 milliards d’augmentation de capital. Pas suffisant pour rassurer.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...