
Le big bang de Danone attendra

Danone laisse le marché sur sa faim. Le groupe a annoncé lundi un plan de réduction de coûts d’un milliard d’euros à l’horizon 2023 et s’est fixé de nouveaux objectifs de rentabilité. Mais cette stratégie peut paraître réductrice face aux évolutions de ses principaux marchés.
Le titre a perdu 3,16% lundi et accuse un recul de plus de 30% depuis le 1er janvier, parmi les plus fortes baisses du secteur. A titre de comparaison, ceux de Nestlé et d’Unilever ont connu un parcours quasi stable en 2020. «Ces acteurs ont entrepris de profondes réorganisations. C’est ce que nous voulons faire aujourd’hui», a pourtant affirmé Emmanuel Faber, président-directeur général de Danone. Le dirigeant a précisé que le plan dévoilé lundi mettait l’accent sur la rentabilité, afin de permettre au groupe de mieux traverser la prochaine crise dans un environnement qui reste très incertain.
Danone vise une marge opérationnelle comprise entre 15 et 20% à moyen terme, ce qui passe par la suppression de 25% des effectifs de ses sièges mondiaux et par des gains de productivité. Le groupe a également annoncé la semaine dernière une revue stratégique de ses activités les moins rentables, notamment en Argentine et pour la marque Vega. Mais il a repoussé à plus tard les choix les plus difficiles en matière de produits et de marques.
Une politique de coûts décriée
«Danone persiste et signe dans une stratégie qui n’a pas fonctionné ces cinq dernières années», assène Bernstein. «C’est en se concentrant sur les coûts qu’il s’est engagé dans la dynamique actuelle de faible croissance», ajoute l’intermédiaire financier, qui regrette que le curseur ne soit pas davantage placé sur l’innovation dans les produits et les marques.
Sur les neuf premiers mois de l’année, le groupe français a vu ses ventes reculer de 1,6% en données comparables, tandis que celles de Nestlé ont progressé de 3,5% et celles d’Unilever de 1,4%.
Pour UBS, Danone est confronté à des problèmes structurels sur ses principaux marchés, que les annonces du jour ont largement occultés. L’intermédiaire financier souligne notamment la baisse des revenus de la principale division en termes de chiffre d’affaires, celle des Produits laitiers et d’origine végétale (EDP), au cours des sept dernières années, alors que les consommateurs se tournent volontiers vers des marques locales ou moins chères.
Principale contributrice aux bénéfices, la Nutrition infantile fait face au ralentissement démographique en Chine et à l'émergence de nouveaux concurrents sur ce marché. Quant à la division Eaux, elle est fortement pénalisée par la chute des ventes dans les lieux de consommation extérieurs - hôtels-restaurants, gares, etc. - depuis le début de la crise sanitaire et doit également faire face à des défis environnementaux liés à la réduction des plastiques.
La direction convaincue du positionnement actuel
Contrairement à Nestlé qui a fortement remanié son portefeuille d’activités au cours des deux dernières années, Danone n’envisage pas un tel big bang. «Nous continuons à penser que nous avons les bonnes catégories [de produits]», a indiqué Emmanuel Faber lundi. Le dirigeant reste convaincu du positionnement qu’il a construit sur la santé, symbolisé par le rachat du spécialiste américain des produits bio Whitewave Foods en 2017.
A court terme, le groupe risque cependant de voir l'écart avec ses principaux concurrents se creuser. Le nouveau directeur financier de Danone, Juergen Esser, a prévenu lundi que les performances opérationnelles au premier semestre 2021 seraient encore pénalisées par la crise sanitaire et par les coûts de mise en œuvre du plan de restructuration annoncé ce lundi.
Les anticipations des analystes, qui tablaient avant ces annonces sur une hausse d’environ 10% du bénéfice net du groupe l’année prochaine, pourraient s’ajuster en conséquence. Et éloigner un peu plus la perspective d’un rattrapage boursier.
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