L’avertissement de Shell met en lumière les défis du secteur pétrolier

Surprenant le marché, vendredi 17 janvier, le groupe pétrolier a mis en cause son volume de production, ses dépenses d’exploration ou ses coûts de maintenance
Benoît Menou
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Deux semaines seulement après son arrivée officielle au 1er janvier à la tête de Royal Dutch Shell, Ben van Beurden a surpris le marché vendredi en concédant que les résultats du quatrième trimestre et donc de l’exercice écoulé devraient être «significativement inférieurs aux niveaux récents de rentabilité». Un avertissement lancé en prélude à la publication des résultats annuels détaillés, attendue le 30 janvier. Celle de Total suivra le 12 février.

Ben van Beurden a mis tout d’abord en cause dans un communiqué «les prix actuels du pétrole et du gaz ainsi que pour le pétrole l’environnement sectoriel dans l’aval», à savoir dans le raffinage et la distribution. Le groupe met aussi en avant des dépenses d’exploration en hausse, des volumes de production de brut en retrait et des coûts de maintenance élevés au quatrième trimestre. Sans oublier l’affaiblissement du dollar australien ou la situation sécuritaire délicate au Nigeria.

A coûts courants, le groupe vise désormais un résultat net de 2,2 milliards de dollars au trimestre écoulé, en chute de 70%, et de 16,8 milliards pour 2013, en recul de 38%. Les exceptionnels, essentiellement des dépréciations d’actifs dans l’amont selon Shell, s’élèvent à respectivement 0,7 et 2,7 milliards. Hors ces éléments, le marché tablait sur un résultat annuel voisin de 4 milliards de dollars. Les résultats, déjà inférieurs aux attentes au troisième trimestre, «ne sont pas à la hauteur de ce que j’attends de Shell», a regretté son directeur général, qui devrait dévoiler sa nouvelle stratégie en mars.

Une bonne part des tracas de Shell est en réalité partagée par la plupart des groupes pétroliers, comme en témoigne l’avertissement comparable lancé il y a deux semaines par Chevron, numéro deux américain du secteur. La hausse des coûts d’exploration notamment est un facteur répandu, tout comme, toujours dans l’opérationnel, les incertitudes quant au respect des prévisions de production.

«La visibilité s’amoindrit pour le secteur», selon les analystes d’Oddo, qui ne manquent pas de souligner les pressions croissantes à la baisse des prix du brut, vers 103 dollars le baril cette année et 93 dollars en 2015, contre 107 dollars actuellement. Cela sur fond de succès des sables bitumineux ou de progression des productions irakienne ou libyenne. En 2013 déjà, le prix du baril de Brent a concédé son premier repli annuel (-0,3%) depuis 2008.

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