
La faiblesse des taux longs sape l’équilibre des fonds de pension en Europe
Si le repli des taux longs facilite le financement des grands groupes en Europe, il contribue aussi à creuser le déficit des fonds de pension. Ceci se fait nettement sentir au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse ou aux Pays-Bas, où le poids des régimes privés de retraite est important. Comme le niveau des taux d’intérêt détermine le taux d’actualisation qui sert à calculer les provisions pour retraites, une baisse de ce taux accroît les besoins destinés à couvrir les engagements des entreprises.
Le cabinet Mercer a récemment calculé qu’en zone euro, le taux d’actualisation était passé en moyenne de 6% fin 2009 à 3,7% fin 2013 et à 2% fin 2014.
Outre-Manche, les chiffres publiés hier par le «Pension Protection Fund», qui s’appliquent essentiellement aux régimes à prestations définies, font apparaître à fin janvier 2015 un déficit cumulé record de 367,5 milliards de livres (496,5 milliards d’euros) pour les 6.057 régimes répertoriés, soit un bond de 38% d’un mois sur l’autre. Plus de 85% des plans de retraite sont déficitaires et le taux moyen de couverture est passé en un mois de 82,3% à 77,6%, alors qu’il atteignait 96% au 31 janvier 2014. Selon les analystes de Citigroup, «le déficit élevé des fonds de pension au cours des dernières années semble avoir bridé les investissements industriels ou financiers, contrebalançant en partie les effets stimulants d’une politique monétaire accommodante».
La mise en œuvre du QE en Europe devrait exacerber ce problème qui affecte en particulier l’industrie lourde, les télécoms, les «utilities» et le transport aérien. Or un déficit trop élevé peut compromettre la note de crédit d’un émetteur, étant donné que les agences considèrent des engagements de retraite non provisionnés comme une dette financière. BT a ainsi annoncé fin janvier son intention de combler en 16 ans un déficit estimé à 7 milliards de livres au 30 juin 2014. Les provisions pour retraite de Lufthansa ont de leur côté bondi de 57% sur les neuf premiers mois de 2014, à 7,4 milliards d’euros. La compagnie a justifié cette hausse par un taux d’actualisation passé de 3,75% à 2,75% sur la période.
La parade trouvée par certaines entreprises à la baisse des taux, qui consiste à améliorer les rendements en augmentant la part allouée aux actions et aux actifs alternatifs, a comme principal inconvénient d’accroître le niveau de risque des fonds de pension, en raison d’une volatilité plus grande de ces supports.
Plus d'articles du même thème
-
La robotique industrielle dopée à l’IA fait saliver les investisseurs
La start-up en robotique Figure AI a bouclé un tour de série C historique d’un milliard de dollars. Une nouvelle génération de robots propulsés par l'intelligence artificielle séduit les investisseurs. Des start-up produisent désormais des modèles de fondation personnalisables, qui permettent de doter les robots humanoïdes, de « cerveaux » dopés à l’IA. -
Malgré un budget en suspens, la demande primaire d’OAT se redresse
Les investisseurs sont venus plus nombreux que lors de la crise gouvernementale de la rentrée, et n’ont pas particulièrement mis de pression sur les taux. -
Nvidia vole au secours d'Intel via un accord gagnant-gagnant
Le géant des puces pour l'intelligence artificielle va investir 5 milliards de dollars dans le groupe de semi-conducteurs quelques semaines après que l'Etat américain a lui-même pris une grosse participation au capital.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Le patron de la Société Générale prend la menace Revolut au sérieux
- L’AMF sanctionne Altaroc et ses deux dirigeants à hauteur de 1,3 million d’euros
- Le Crédit Agricole revendique une place dans l’accès aux soins et les services aux plus âgés
- BNP Paribas confirme ses objectifs 2025 et dévoile des ambitions pour 2028
- Fitch abaisse la note de la France
Contenu de nos partenaires
-
Corée du Sud : la dirigeante de l’Église de l’Unification visée par un mandat d’arrêt
Séoul - Un tribunal sud-coréen a requis jeudi un mandat d’arrêt contre la dirigeante de l'Église de l’Unification (encore appelée secte Moon), Han Hak-ja, notamment soupçonnée d’avoir soudoyé la femme de l’ancien président Yoon Suk Yeol. «Nous avons estimé que le risque que Han manipule des preuves était très élevé, ce qui nous a conduits à demander le mandat», a déclaré le procureur Park Sang-jin. Pendant plusieurs heures mercredi, la responsable de l’Eglise, âgée de 82 ans, a été interrogée sur son rôle présumé dans la corruption de l’ancienne Première dame de Corée du Sud, Kim Keon Hee, ainsi que d’un parlementaire de premier plan. «Les accusations portées contre elle concernent la violation de la loi sur le financement politique, de la loi anti-corruption, l’incitation à détruire des preuves et le détournement de fonds,» a ajouté le procureur. Un tribunal devrait examiner cette demande en début de semaine prochaine. Han Hak-ja, à la tête de l’Eglise de l’Unification depuis la mort de son mari en 2012, aurait ordonné la livraison d’un sac à main de créateur, d’un collier en diamant et de ginseng - un produit populaire en Corée du Sud qui peut coûter des milliers d’euros - à Kim Keon Hee en 2022 afin de s’attirer les faveurs de son époux, alors chef de l’Etat. «Persécution injuste» L’ancienne première dame a été arrêtée et inculpée pour ces accusations de corruption et également pour manipulation des cours boursiers. Son mari – également en détention – a été formellement destitué en avril pour avoir imposé la loi martiale le 3 décembre et déployé l’armée au Parlement. Han Hak-ja est également soupçonnée d’avoir versé un pot-de-vin de 100 millions de wons (61.000 euros) au député Kweon Seong-dong, contre lequel un mandat d’arrêt à été émis mardi par le tribunal de Séoul. L’Eglise de l’Unification a qualifié la demande de mandat de «persécution injuste d’un leader religieux mondial». «Nous dénonçons fermement le fait que, au lieu d’une considération humanitaire et d’un jugement rationnel, des mesures excessives et coercitives ont été prises contre notre dirigeante,» a fait savoir l'église dans un communiqué. L'Église de l’Unification a été fondée en 1954 par le défunt mari de Mme Han, Moon Sun-myung, a longtemps été au centre de controverses et de critiques, avec des enseignements centrés sur le rôle de Moon, ses mariages de masse, et un fonctionnement souvent assimilé à celui d’une secte. Elle revendique trois millions d’adeptes dans le monde, surnommés «Moonies», dont 300.000 en Corée du Sud et 600.000 au Japon. Mme Han, qui a été sortie en fauteuil roulant du bureau des procureurs après plus de neuf heures d’interrogatoire, a nié les accusations. «Pourquoi aurais-je fait cela ?» a-t-elle répondu. © Agence France-Presse -
Ecueils
La taxe Zucman : un plébiscite qui crispe jusqu'aux économistes de gauche
Beaucoup d'économistes, même classés à gauche, confient leur scepticisme face aux promesses de la taxe Zucman appliquée seulement à la France -
A contre-temps
Ballotté par les crises politiques, Gabriel Attal cherche son cap
Alors qu'il tente de tracer son chemin jusqu'à 2027, le chef du camp présidentiel ne cesse d'être percuté par les crises politiques