La direction de Sika ouvre la porte à une concertation avec Saint-Gobain

L’intégration par le chimiste suisse de Weber, branche de Saint-Gobain pour les mortiers industriels, générerait 150 millions d’euros de synergies.
Yves-Marc Le Réour

A la suite des tensions grandissantes découlant de l’annonce de la prise de contrôle de Sika par Saint-Gobain, la direction du chimiste suisse a détaillé hier son argumentaire lors d’une présentation organisée avec des investisseurs à Londres. Sika souhaite ouvrir avec le géant des matériaux de construction «un dialogue constructif qui prenne en compte les lacunes manifestes de la transaction projetée», afin que cette dernière se transforme «en opération gagnante pour les deux parties».

Le management relève que la chute des cours des titres Sika et Saint-Gobain entre le 5 et le 16 décembre a entraîné une destruction de valeur globale de 4,5 milliards de francs suisses (3,75 milliards d’euros). Cette perte représente 2 milliards de francs pour le chimiste helvétique et 2,5 milliards de francs pour le groupe français. Réitérant la probabilité d’un conflit d’intérêts et de non-réalisation des synergies prévues dans le projet actuel, Sika met l’accent sur la concurrence frontale existant entre ses activités de mortiers industriels (chiffre d’affaires d’environ 500 millions d’euros) et Weber, branche de Saint-Gobain spécialisée sur ce marché.

Les mortiers sont l’un des piliers de la stratégie de croissance du groupe suisse, avec «14 ouvertures de sites et 4 acquisitions récemment effectuées». Ses dirigeants proposent donc d’intégrer Weber (2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires estimé en 2014) dans le périmètre de Sika, ce qui générerait «un potentiel de synergies de 150 millions d’euros». Une autre option serait l’absorption complète de Sika par Saint-Gobain, permettant aux actionnaires publics du chimiste «de monétiser leurs titres ou de rester investis».

Christian Arnold, analyste chez Vontobel, estime qu’une intégration de Weber peut convaincre les dirigeants du chimiste de rester en place. Il indique que «Sika pourrait financer l’opération avec ses propres actions, ce qui déboucherait sur une augmentation de capital», ajoutant que cela se traduirait par un intérêt économique plus important de Saint-Gobain dans Sika. Les analystes de Sandford Bernstein sont plus sévères envers les dirigeants du groupe suisse, en jugeant qu’ils sont «dans le déni» face à l’accord signé par Saint-Gobain, qui prévoit le transfert de 52,4% des droits de vote et de 16,1% du capital détenus par la holding familiale.

L’action Sika a rebondi de 2,9% hier à Zurich, contre +0,2% pour le titre Saint-Gobain à Paris.

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