La consommation de trésorerie met Eramet sous tension

Alors que son actionnaire minoritaire Romain Zaleski accentue son agitation, le groupe suspend le dividende. Bpifrance a déprécié sa participation
Olivier Pinaud

En moins-value latente d’environ 295 millions d’euros (-38%) sur l’investissement au capital d’Eramet réalisé en mars 2012 par le Fonds stratégique d’investissement, dont une partie a été dépréciée dans les comptes 2013 pour un montant non divulgué, Bpifrance ne se consolera pas avec le dividende. Le groupe minier ne paiera rien pour 2013. Une mesure symbolique (59 millions d’euros avaient été versés aux actionnaires d’Eramet en 2013) au regard des 660 millions d’euros de cash consommé en 2013 mais qui illustre les difficultés provoquées par la chute des prix du nickel, retombés à leurs niveaux de 2009.

La branche nickel a essuyé l’an dernier une perte brute opérationnelle (Ebitda) de 130 millions d’euros, contre un bénéfice de 53 millions un an auparavant. Et pour ne rien arranger, Eramet a déprécié de 224 millions d’euros la valeur de son projet indonésien de Weda Bay. L’investissement, partagé avec Mitsubishi, mais qui représentait un coût potentiel de 3 milliards de dollars a été mis en sommeil. Conséquence, malgré les bénéfices dans le manganèse et les alliages, les résultats consolidés d’Eramet virent au rouge avec une perte nette de 370 millions.

«La suspension du dividende contribue à protéger le bilan», explique Patrick Buffet, le PDG d’Eramet. Tout en espérant une remontée progressive des cours dans le courant de 2014, le groupe va réduire ses investissements à 400 millions d’euros contre 587 millions en 2013. Fin 2013, le minier affichait une dette nette de 218 millions d’euros, soit 7% de ses capitaux propres.

«Cela ne fait pas une stratégie», tance Jacques Bacardats, l’ancien PDG d’Eramet, en mission commandée pour Romain Zaleski, troisième actionnaire du groupe. Selon lui, «la chute des prix n’explique pas tout. La consommation de cash repose les questions du coût de fonctionnement de l’outil industriel dans le nickel et de l’absence de synergies entre les différentes divisions».

«Romain Zaleski fait de l’agitation pour tenter de faire remonter le cours de Bourse et régler sa situation financière personnelle», rétorque un proche d’Eramet qui rappelle que Jacques Bacardats avait dû gérer lui aussi des pertes lors de son passage à la tête d’Eramet. Et qu’il avait à l’époque eu affaire à un de ses actionnaires, nommé Romain Zaleski. De son côté, Bpifrance, désormais représenté au conseil par Jean-Yves Gilet, se dit « mobilisé, actif et vigilant sur le redressement d’Eramet ».

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