
Elon Musk relance l’attrait spéculatif de Twitter

Le fondateur de Tesla donne un solide coup de pouce à l’action de son réseau social favori. Elon Musk a indiqué à la Securities and Exchange Commission (Sec), le gendarme de la Bourse américaine, avoir acquis 73 millions de titres Twitter, soit 9,2% du capital de l’entreprise. À Wall Street lundi, l’action en a profité pour s’envoler de 27%.
Selon la déclaration faite à la SEC, le milliardaire investit à titre personnel et de façon «passive», c’est-à-dire sans volonté de peser sur la stratégie ou de prendre le contrôle du groupe. En tout cas à court terme.
Petit Poucet
Valorisé «seulement» 37 milliards de dollars en Bourse, Twitter est très loin des 500 milliards de dollars de capitalisation de Meta (ex-Facebook), des 850 milliards d’Alphabet (Google) ou encore des 2.800 milliards d’Apple. Le réseau a historiquement été pénalisé par des difficultés à monétiser ses plus de 200 millions d’utilisateurs – dont Elon Musk est l’un des plus suivis avec 80 millions d’abonnés.
En 2021, les ventes du groupe, en hausse de 36,6% à 5,08 milliards de dollars, provenaient à près de 90% de la publicité. Contrairement aux Gafa qui accumulent les profits monstre, Twitter a enregistré une nouvelle perte nette de plus de 200 millions de dollars l’an dernier après -1,14 milliard en 2020.
À la peine en Bourse depuis un an (-39% à clôture du 3 avril), le titre a aussi subi, en novembre dernier, le départ surprise du cofondateur et directeur général de l’entreprise, Jack Dorsey. Une décision approuvée par le fonds activiste Elliott, actionnaire du groupe. Elon Musk, qui n’a jamais caché son admiration pour Jack Dorsey, l’avait alors comparée à une purge stalinienne et ironisé sur le rôle joué par Parag Agrawal, nommé à la direction générale.
Sur la même période, Alphabet (Google) a gagné 26%, Apple 38% et Amazon est resté stable. Même Meta a fait mieux (-27%) malgré des résultats 2021 décevants qui avaient entraîné un plongeon du titre de 26% sur la seule séance du 3 février dernier. En un an, le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques américaines, s’est adjugé 4%.
Vers une OPA ?
Dans ce contexte, la montée au capital d’Elon Musk relance l’intérêt des investisseurs pour la valeur. L’actionnariat éclaté et la relative petite taille du réseau social en font une cible de choix pour des prédateurs. Si, selon un analyste de JPMorgan, les noms de Bloomberg et Salesforce ressortent le plus ces derniers temps, le fondateur de Tesla, désormais premier actionnaire de l’entreprise, devient un candidat naturel.
D’autant que le milliardaire s’est récemment montré très critique vis-à-vis de la politique de Twitter en matière de liberté d’expression allant jusqu’à envisager de créer son propre réseau social pour pouvoir s’émanciper du petit oiseau bleu.
Le 25 mars dernier, Elon Musk avait ainsi lancé, sur son réseau social préféré, un sondage sur le thème «Pensez-vous que Twitter adhère de manière rigoureuse [au] principe [de la liberté d’expression]» avant d’ajouter : «Les conséquences de ce sondage seront importantes. S’il vous plaît, votez sérieusement». Les plus de 2 millions de votants ont répondu par la négative à 70%. En réaction, le fantasque milliardaire s’est demandé «Qu’est-ce qui devrait être fait ?», «une nouvelle plateforme est-elle nécessaire ?»
La veille, il avait demandé à ses abonnés si l’algorithme de Twitter devait devenir «open source» (83% de «oui»).
Dans la nuit du 4 au 5 avril (heure française), il a fini par réagir en postant un message, sur Twitter bien sûr, dans lequel il interroge ses abonnés : «Voulez-vous un bouton pour éditer ?» (qui permettrait de modifier un tweet après sa publication). Peu avant 9h, soit 18h avant la fin du sondage, plus de 2 millions de personnes avaient voté à 74% pour le «oui».
Le directeur général de Twitter, Parag Agrawal, a commenté ce tweet en utilisant exactement la même formule qu’Elon Musk précédemment : «Les conséquences de ce sondage seront importantes. S’il vous plaît, votez sérieusement.»
Par le passé, Elon Musk s’est attiré les foudres du gendarme boursier américain pour des tweets ayant affecté la valeur boursière de Tesla.
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