
EDF sécurise le volet financier de son engagement nucléaire outre-Manche
Officialisé hier, l’accord de principe conclu entre EDF et le gouvernement britannique sur le projet de centrale nucléaire d’Hinkley Point a le mérite de fortement réduire les incertitudes sur les engagements de l’énergéticien français. Supérieur aux attentes, le total des investissements nécessaires d’ici à la mise en service des deux réacteurs, prévue en 2023, devrait être «proche de 16 milliards de livres» (18,9 milliards d’euros). Plus de 87% de cette somme proviendra du seul coût de construction, soit un coût par réacteur presqu’aussi élevé que celui du prototype d’EPR construit par EDF à Flamanville.
Les groupes chinois CGN et CNNC contrôleront à eux deux de 30 à 40% du consortium portant le projet, contre 45 à 50% pour EDF Energy, 10% pour Areva et 15% réservé à d’autres investisseurs. EDF, qui comptabilisera sa part du projet par mise en équivalence, a obtenu un prix d’exercice de 92,5 livres par MWh (valeur 2012), garanti pendant 35 ans à partir de la mise en service et indexé sur l’inflation. Si une décision d’investissement est prise avant 2025 pour un autre projet de deux EPR (Sizewell C), ce prix sera réduit de 3,2% à 89,5 livres par MWh.
Alors que le taux de rentabilité interne du projet est évalué à 10%, son financement sera réalisé à hauteur de 65% par la dette et le reste par un apport en capital. Le financement par la dette, sur une base sans recours contre les partenaires, devrait par ailleurs être éligible à une garantie publique du gouvernement britannique, permettant d’emprunter à taux réduit. Londres s’est également engagé à compenser financièrement les partenaires du projet «en cas de changement législatif discriminatoire ou de décision politique de fermeture anticipée». Le montage de l’opération devrait être finalisé au premier semestre 2014 pour un lancement définitif du projet prévu à partir du mois de juillet, après l’aval nécessaire de Bruxelles concernant les aides d’Etat.
Malgré la taille importante du projet, les analystes crédit d’ING se disent rassurés par «le niveau satisfaisant du prix au MWh garanti et la présence de groupes chinois au tour de table». Le ministre de redressement productif Arnaud Montebourg a de son côté salué un projet qui «devrait permettre de créer plus de 7.500 emplois directs et indirects en France», en ouvrant également à EDF «des opportunités concernant d’autres contrats de construction nucléaire au Royaume-Uni et ailleurs dans le monde».
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