Capgemini emprunte une voie peu fréquentée en France pour augmenter son capital

Le groupe a levé un peu plus de 500 millions d’euros pour financer le rachat d’Igate via une augmentation de capital sans droit préférentiel de souscription.
Olivier Pinaud

Un peu plus de 500 millions d’euros en à peine deux heures. Capgemini a mené une augmentation de capital éclair mardi soir pour contribuer, comme il l’avait annoncé, au financement de l’acquisition de l’américain Igate. Le groupe de services informatiques a utilisé pour cela l’autorisation d’émission d’actions nouvelles avec suppression du droit préférentiel de souscription (DPS) que lui avait accordée son assemblée générale en 2014. Ce mécanisme a l’avantage de la rapidité et limite ainsi le risque de marché. Alors qu’une augmentation de capital avec DPS prend environ deux semaines, sans compter la rédaction de la note d’opération, une levée de fonds sans DPS peut se faire via la constitution d’un livre d’ordres accéléré.

Ainsi, dans le cas de Capgemini, les banques en charge de l’opération (BNP Paribas, Morgan Stanley, Crédit Agricole et HSBC) ont ouvert le livre un peu avant 18h et l’ont refermé à 20h. Sélectionnées en amont, les banques avaient pu sonder le marché dans l’après-midi. Compte tenu de la demande, le prix de l’émission a été fixé à 75,5 euros, soit une «décote de 2,9%, inférieure à la moyenne de 5,7% constatée lors des placements accélérés réalisés en Europe depuis le début de l’année», indique Cyril Revenu, responsable des marchés primaires actions France chez HSBC.

Fréquentes en Europe, et encore plus aux Etats-Unis, les augmentations de capital sans DPS et par constitution de livre d’ordres accélérée restent peu utilisées en France. Alstom y avait eu recours en 2012 pour un montant de 350 millions d’euros, suivant l’exemple d’Orpéa en 2009 (62 millions). Malgré l’ordonnance de 2009 qui a allégé les contraintes des levées de capitaux, le cadre est encore jugé trop strict pour permettre une démocratisation de ce mode de financement.

«Du fait de la suppression du droit préférentiel de souscription, et si la société n’a pas prévu de résolution spécifique, le prix doit être fixé sur la base du cours moyen pondéré par les volumes au cours des trois jours précédents l’opération, ajusté d’une décote maximale de 5%. Or, dans des marchés volatils et avec l’ajustement du cours de Bourse au moment de l’annonce de l’opération, il est souvent difficile de fixer un prix» dans la limite imposée, indique Cyril Revenu. Par ailleurs, les AG rechignent parfois à accorder les autorisations d'émissions d’actions sans DPS. Dans ce cas, le règlement devient encore plus strict pour l'émetteur.

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