BP pourrait être éclaboussée par le scandale sur les changes

La compagnie pétrolière britannique a confirmé avoir lancé une enquête sur l’activité de ses traders sur le marché des changes.
Antoine Landrot

Après avoir coûté plus de 4,3 milliards de dollars (3,4 milliards d’euros) à six banques d’investissement, le scandale de la manipulation sur le marché des changes pourrait maintenant s’étendre aux grandes entreprises.

BP, qui peine à tourner la page de la marée noire de Deepwater de 2010, a confirmé qu’elle examinait l’activité de ses propres traders sur les changes, suite à une dépêche de l’agence Bloomberg. La compagnie pétrolière britannique aurait déclenché son enquête interne il y a un an.

Au cœur des soupçons se trouvent des courriers électroniques échangés via une messagerie et envoyés aux traders de BP. Baptisée «The Cartel», elle est utilisée par de nombreux courtiers travaillant pour JPMorgan, Citigroup, Barclays et UBS. Les informations qui ont transité par cette messagerie concernaient des opérations sur des devises parfois plusieurs heures avant qu’elles aient lieu, précise Bloomberg.

Même si, selon des sources citées par Bloomberg et le Financial Times, la compagnie pétrolière ne fait pas l’objet d’une enquête des régulateurs financiers, l’identité du créateur de The Cartel fait peser une menace sur BP: il s’agit de Dick Usher, l’ancien trader de JPMorgan responsable des transactions spot sur les changes et soupçonné d’être la cheville ouvrière des manipulations au sein de la banque américaine. Pour la petite histoire, l’agence de presse raconte qu’en 2012, il a acquis un étang de pêche extrêmement réputé à une heure de Londres avec Andrew White, un trader en devises… de BP.

Cela dit, rien ne prouve pour l’instant que des professionnels de la compagnie pétrolière aient été membres de la messagerie, même si Andrew White a, selon une source citée par Bloomberg, participé aux côtés du banquier de JPMorgan à au moins une chat room. Il n’est pas non plus pour l’instant possible de déterminer si des salariés de BP ont agi en fonction de ces informations, précise l’agence. Au moment où les régulateurs annonçaient le lancement de leurs enquêtes l’année dernière, les chats entre BP et les banques ont été clos, précisent des sources concordantes. L’une d’elles affirme qu’à cette occasion, le groupe a placé pour la première fois un responsable de la conformité pour superviser son desk de trading sur les changes.

«Ce bureau noue des relations de clientèle avec 26 banques, dont JPMorgan, Citibank et Barclays. […] BP exerce un dialogue constant avec les régulateurs appropriés», précise la compagnie dans une déclaration.

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