Bouygues Telecom reste la clé d’une éventuelle concentration du secteur

L’opérateur se dit en mesure de rester indépendant. Mais il a intérêt, comme ses concurrents, à engager tôt ou tard un mouvement de fusions.
Olivier Pinaud

Martin Bouygues le martèle. La filiale de télécoms du groupe peut rester indépendante, malgré les appels du pied répétés des dirigeants de Numericable-SFR. «Nous sommes beaucoup courtisés, comme tous les opérateurs du monde. Mais il n’y a aucune négociation en cours. Le choix, c’est le ‘stand alone’, on a été très clairs là-dessus», a encore lancé hier le PDG du groupe de construction et de communication lors de l’annonce des résultats 2014.

Martin Bouygues va même jusqu'à se considèrer comme «un acheteur naturel de Numericable-SFR, d’Orange et de Free».

Derrière ce bon mot se cache une réalité financière compliquée. Bouygues Telecom n’est pas aujourd’hui en position de force pour engager le mouvement en rachetant ses concurrents, en supposant que leurs actionnaires respectifs soient vendeurs. Numericable-SFR capitalise plus de 25 milliards d’euros, deux fois plus que tout le groupe Bouygues. Redevenue supérieure à 13 milliards d’euros, la capitalisation d’Iliad devance de 2 milliards celle du groupe de construction. Quant à Orange, le déficit de valorisation dépasse les 30 milliards.

Bouygues Telecom continue de souffrir du bouleversement du marché provoqué par l’arrivée de Free Mobile en 2012. En 2014, le chiffre d’affaires du troisième opérateur mobile français a baissé de 5% à 4,4 milliards d’euros et son Ebitda s’est contracté de 21% à 694 millions. Le retour de la croissance devrait intervenir en 2016, l’opérateur misant jusque-là sur son plan de départs volontaires et sur ses 300 millions d’euros d’économies à l’horizon de la fin du premier semestre 2015.

Pour autant, même si Bouygues Telecom est plus en position de vendeur que d’acheteur, l’opérateur reste l’actif central autour duquel la concentration du marché français des télécoms se fera. Tous les groupes ont intérêt à voir le nombre d’opérateurs passer de quatre à trois, encore plus à l’approche de la vente par l’Etat au second semestre 2015 d’un nouveau paquet de fréquences. Dit en «or» pour sa qualité technique, ce spectre à 700 mhz risque de susciter une foire d’empoigne financière coûteuse pour les opérateurs.

La disparition au préalable d’un candidat aux enchères ne ferait pas les affaires de l’Etat mais permettrait aux opérateurs d’économiser plusieurs dizaines de millions d’euros.

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