Berlin fait le choix de la «Realpolitik» pour ses centrales à charbon

Plutôt que d’instaurer une taxe très contestée, le gouvernement mettra en sommeil dès 2017 les centrales les plus vétustes à base de lignite.
Yves-Marc Le Réour

Après six mois de tergiversations, le renoncement du gouvernement allemand à instaurer une taxe sur les centrales à charbon les plus polluantes constitue un motif de satisfaction pour les grands énergéticiens du pays. «Les entreprises et les syndicats nous ont dit que cela ne fonctionnerait pas [...] et que nous produirions des milliers de chômeurs», a déclaré jeudi dans un entretien télévisé le ministre de l’Economie Sigmar Gabriel. Déjà mis à mal par l’abandon du nucléaire, RWE, Vattenfall et EnBW sont actuellement les plus exposés à cette source d’énergie primaire.

Le projet contesté a été remplacé par la décision de mettre en sommeil les centrales les plus vétustes entre 2017 et 2020. Les centrales concernées ont une capacité totale de 2,7 GW, soit 13% du parc de centrales à charbon du pays. D’ici à 2020, elles pourront être uniquement utilisées en tant que réserve de production en cas de pic de la demande, mais sans pouvoir vendre l’électricité ainsi produite sur le marché. «Nous considérons ceci comme un grand soulagement pour RWE car la mise en place d’une taxe aurait été encore plus dommageable pour ses activités de production à base de lignite», juge Tanja Markloff, analyste chez Commerzbank. Vattenfall avait de son côté annoncé fin juin avoir arrêté les travaux d’agrandissement d’une mine de lignite en Saxe, tout en poursuivant le processus de vente de cette activité.

L’arrêt définitif des centrales à charbon les moins compétitives est programmé pour 2021, selon le projet gouvernemental qui doit être validé en conseil des ministres avant la fin de cette année. Cette mesure doit permettre de réduire de 11 millions de tonnes les émissions de CO2 de l’Allemagne, sur un objectif fixé de 22 millions de tonnes, alors que le projet de taxe aurait dû permettre de diminuer leur volume de 16 millions de tonnes. Berlin maintient cependant son objectif d’une réduction de 40% de ses émissions de CO2 à l’horizon 2020 par rapport au niveau de 1990.

L’Etat allemand s’est engagé à dédommager les compagnies concernées pour compenser le manque d’exploitation engendré par cette mesure. Privilégiant désormais l’enfouissement des câbles électriques, il compte par ailleurs débloquer 1,6 milliard d’euros par an pour des mesures d’efficacité énergétique.

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