
Areva tire la conclusion de ses déconvenues

L’alignement des étoiles n’était pas favorable pour Areva. Moins de trois semaines après la publication d’un chiffre d’affaires en baisse de 14,3% au cours des neuf premiers mois de l’année, le fabricant de centrales nucléaires a annoncé hier la suspension «de ses perspectives financières pour les exercices 2015 et 2016» dans l’attente des conclusions «des travaux menés à échéance régulière par le directoire en matière de gestion prévisionnelle de l’entreprise». Le groupe public subit les effets cumulés de retards et de marchés hésitants.
Jusqu'à hier, Areva visait une croissance organique du chiffre d’affaires de 4 à 5% en moyenne par an entre 2015 et 2016, ainsi qu’une marge d’Ebitda de 10-11% des revenus en 2015 et de 14-15% en 2016. Son cash-flow opérationnel libre avant impôts devait devenir nettement positif en 2016.
Plusieurs facteurs ont pesé sur la décision d’Areva. Le premier concerne le projet du réacteur EPR finlandais Olkiluoto 3. Ce dernier a subi un «nouveau planning d’achèvement» et le rythme des paiements du client – le producteur d’électricité TVO – n’a pu être adapté. Ces deux éléments auront des conséquences sur le cash-flow opérationnel libre de 2015 et au-delà, indique le groupe français. Il mentionne aussi un retard dans le redémarrage des réacteurs japonais (arrêtés suite à la catastrophe de Fukushima en 2011) «nonobstant les avancées récentes».
Les anticipations commerciales d’Areva ont également été déçues. La faible visibilité du marché l’a conduit à réviser ses hypothèses concernant les nouvelles constructions de réacteurs (ce qui affecte son pôle réacteurs et services), mais aussi les contrats export dans le recyclage et les projets internationaux (pôle Aval). Ces deux «business groups» représentaient 55% du chiffre d’affaires en 2013. Le dernier facteur concerne «l’atonie persistante du marché des services à la base installée, y compris en France». Ces services, logés au sein du pôle réacteurs et services, consistent à améliorer les performances des centrales existantes.
La direction d’Areva a esquissé des pistes de travail. Elle évoque d’abord le «renforcement de son plan de performance pour s’adapter à la conjoncture de marché défavorable». Le plan stratégique «Action 2016», qui prévoyait un retour à l’autofinancement en 2014, comprenait une réduction de 34% des investissements entre 2012 et 2016 (à 7,7 milliards d’euros), au moins 1,2 milliard d’euros de cession d’actifs, un milliard de baisse des dépenses d’exploitation et une diminution du BFR de 500 millions.
Ce plan avait déjà été écorné en octobre dernier, sous la menace d’une dégradation de sa note de crédit en catégorie «junk» par Standard & Poor’s en raison d’un endettement dépassant 4,7 milliards d’euros fin juin. Areva avait annoncé la réduction des investissements de 200 millions d’euros par an, pour les ramener en moyenne à moins d’un milliard en 2015 et en 2016, 450 millions d’euros de cessions supplémentaires et une émission de dette hybride. Jouant de malchance, Areva a dû l’annuler en raison de conditions de marché défavorables.
Un nouveau plan de financement à moyen terme et de nouvelles perspectives financières jusqu’en 2017 seront présentées avant la publication des comptes 2014, alors que Philippe Varin doit remplacer Pierre Blayau à la présidence du conseil de surveillance à l’occasion de la prochaine assemblée générale.
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