Après les annonces choc d’Atos, les syndicats expriment leurs inquiétudes

Lors d’un CSE central, la direction s’est engagée à ne pas supprimer d’emplois en France pendant douze à dix-huit mois.
Capucine Cousin
Atos, entreprise française de services du numérique
Les conséquences de la scission juridique du groupe Atos en deux entités inquiètent aussi les syndicats.  -  Photo Atos.

Après le choc des annonces de la direction le 14 juin, les syndicats d’Atos commencent à avaler la pilule et font connaître leurs positions.

Mardi 14 juin, lors d’une journée investisseurs, la société française de services informatiques a dévoilé un plan visant à diviser ses activitésen deux entités juridiques distinctes. La première, SpinCo, regroupera ses activités en croissance, le digital ainsi que sa division Big data et sécurité (BDS). Elle serait cotée en Bourse en 2023 sous la marque Evidian. La seconde, TFCo, qui conservera le nom d’Atos, serait composée de la ligne d’activité Tech Foundations d’Atos, l’infogérance, en déclin depuis plusieurs années.

Dans le même temps, le directeur général de la société Rodolphe Belmer, qui avait pris ses fonctions en janvier, a annoncé son départ suprise d’ici le 30 septembre, alors qu’il était censé s’imposer en leader du plan de réorganisation de l’entreprise.

Pris de doute, les investisseurs ont massivement vendu le titre, faisant fondre sa valeur boursière de plus de 30% en quelques séances, portant la baisse de son cours à 65% depuis le début de l’année.

Question cruciale de l’emploi

Lors d’un Comité social et économique Central (CSE Central) qui s’est tenu mercredi et jeudi derniers, les différents syndicats ont discuté des annonces émises, avec Yannick Tricaud, président d’Atos pour l’Europe du Sud, et principal interlocuteur des salariés du groupe en France.

Première source de préoccupation pour les syndicats d’Atos: l’emploi. Si aucune annonce concrète n’a encore été faite en ce sens, ils surveillent les conséquences sociales possibles du futur plan de scission d’Atos.

En début d’année, le groupe avait déjà écarté un projet interne de restructuration. « A son arrivée, Rodolphe Belmer avait exclu le Plan Spring», indique à L’Agefi Emmanuel Kilgus, coordinateur CGT du groupe Atos en France. Maintenant, «notre priorité reste la question de la sauvegarde des emplois», ajoute-t-il.

«Lors du CSE central mardi dernier, Yannick Tricaud s’est engagé pour les 12 à 18 prochains mois à ce qu’il n’y ait aucun plan social pour l’emploi ni de rupture conventionnelle collective. Donc il n’y a pas de risques majeurs pour l’emploi en France à court voire moyen terme», tempère auprès de L’Agefi Olivier Debroise, délégué syndical central de la CFE-CGC. «Même si la question se pose sur les fonctions transverses».

Mais d’autres ont des craintes pour l’emploi sur le moyen terme. Dans un tract qui doit être diffusé auprès des salariés ce mardi, dont L’Agefi a eu connaissance, le syndicat FO appelle d’ailleurs au «maintien des emplois dans le groupe» et au «refus de tout départ contraint». «FO constate que ce projet de scission, totalement déséquilibré en termes de résultats avec d’un côté une entité SpinCo à forte marge et haut potentiel de développement, et de l’autre une entité TFCo moins performante, fait courir un risque majeur sur l’emploi à moyen terme».

Incertitudes liées à la scission

L’annonce des conséquences de la scission juridique du groupe en deux entités inquiète aussi les syndicats. Si le plan de réorganisation a été annoncé pour d’ici 18 mois, «nous n’avons pas d’information sur le planning et les prochaines échéances», souligne Emmanuel Kilgus.

Déjà, l’annonce soudaine du départ de Rodolphe Belmer a surpris. «Son arrivée, puis les conditions de son départ sont dommageables pour la réputation d’Atos», estime la CGT.

Les syndicats s’inquiètent aussi du turn-over des dirigeants chez BDS. «Depuis le départ de Pierre Barnabé, patron de BDS, cinq niveaux de managers sous ce dernier quittent le navire, telle Agnes Boudot, à la tête de la branche HPC, Arnaud Bertrand, à la tête de la R&D et de la stratégie», pointe FO dans son tract.

Le précédent Worldline

En termes de stratégie, les syndicats restent aussi méfiants sur les projets de reventes d’Atos.

Mardi dernier, Rodolphe Belmer avait indiqué à des journalistes qu’Atos allait vendre des «actifs non stratégiques» d’une valeur d’environ 700 millions d’euros.

Ce qui rappelle amèrement aux syndicats des erreurs stratégiques précédentes. La CFE-CGC autant que FO cite l’achat de Syntel en 2018 pour 3,4 milliards d’euros. « Cela n’a eu aucune retombée en France, et a obligé Atos à revendre ses parts dans Worldline pour faire du cash », souligne Olivier Debroise.

Atos a revendu progressivement ses parts dans la société de paiements, qu’il a introduite en Bourse en 2014. La semaine dernière, il a soldé sa dernière participation, environ 2,5% du capital de Worldline, ce qui lui permettait de lever 220 millions d’euros. A l’issue du placement, Atos ne sera plus actionnaire de Worldline.

Contacté par L’Agefi, le groupe Atos précise que, au vu du marché de l’emploi « actuellement extrêmement dynamique », ses ambitions de recrutements en France « restent inchangées et s’élèvent à plus de 2.000 recrutements sur cette année 2022 ». Quant au plan de transformation du Groupe présenté la semaine dernière, qui est « encore à l’état de projet », il doit notamment « faire l’objet d’une consultation des instances représentatives du personnel à compter du mois de septembre 2022 ».

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