
Altice fait jouer à plein régime le levier de la dette
Patrick Drahi est un excellent client pour les banques. Après les 8,8 milliards d’euros de dette contractés par Numericable pour financer le rachat de SFR, sa maison mère Altice est prête à engager près de 5 milliards de crédits supplémentaires pour s’emparer de Portugal Telecom, en considérant l’usage de 1,1 milliard de cash dont disposait Altice à fin juin et en retirant les deux compléments de prix, pour un montant cumulé de 800 millions d’euros, que le câblo-opérateur pourrait avoir à payer dans les prochaines années en fonction des performances financières de Portugal Telecom. Le financement a été garanti auprès d’un syndicat bancaire, précise Altice.
Après cette opération, le ratio de levier (dette nette / Ebitda) d’Altice pourrait monter à 4,5 fois, contre 4 fois à fin juin, indique le câblo-opérateur. A la fin du premier semestre, le groupe consolidait déjà 18,2 milliards d’euros de dette nette, en intégrant SFR. La dette de la holding de tête s’élève pour sa part à 3,1 milliards d’euros. Jugeant la structure de financement relativement agressive, les analystes de CreditSights regrettent notamment qu’Altice n’ait pas prévu de financer une partie de l’opération par augmentation de capital. La dette d’acquistion risque également de peser sur la capacité d’investissement de Portugal Telecom, dont le ratio de levier pourrait monter à près de 5 fois.
A 6,8 fois l’Ebitda, avec les compléments, le prix de 7,025 milliards proposé par Altice à Oi est légèrement plus élevé que le multiple de 6 fois payé pour SFR. Mais il reste très nettement en dessous de ceux acquittés par Telefonica pour GVT (un peu plus de 10 fois) ou par Orange pour Jazztel (18 fois), hors synergies.
D’un point de vue industriel, le rachat de Portugal Telecom «correspond bien à la stratégie globale d’Altice de convergence entre fixe et mobile», apprécient les analystes crédit de la Société Générale. Déjà présent au Portugal dans le câble avec Cabovisao et Oni, Altice pourrait espérer dégager des économies en plus de profiter des 45% de parts de marché de Portugal Telecom dans le mobile. Le réseau de Cabovisao s’appuie par exemple en partie sur celui de Portugal Telecom. A ce stade, le groupe n’a pas chiffré les synergies attendues. ING les estime à 180 millions d’euros par an, soit une valeur actualisée de 1,8 milliard.
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