Airbus prend le taureau par les cornes pour sortir l’A400M de l’ornière

Le responsable des avions militaires est remplacé et l’organisation du programme sera restructurée. Un comité de surveillance est créé.
Antoine Landrot

Déjà à la peine avec son gros porteur civil A380, Airbus étale sur la place publique les nouveaux déboires du transporteur militaire aérien A400M. Dans un communiqué peu diplomatique, Airbus Defense and Space (D&S, la filiale aéronautique et de défense du groupe) a annoncé la «démission» du responsable des avions militaires Domingo Urena-Raso et son remplacement par Fernando Alonso, qui dirigeait jusqu’alors les essais en vol des avions militaires d’Airbus.

Bernhard Gerwert, directeur général d’Airbus D&S, ne mâche pas ses mots: «Concernant l’intégration des capacités militaires et en particulier de la montée en charge industrielle, nous n’avons pas été à la hauteur des attentes. C’est inacceptable et nous allons régler cela», sermonne-t-il dans un communiqué.

Rafael Tentor, responsable du programme de l’A400M, est maintenu. «Il est arrivé à son poste il y trop peu de temps pour être considéré comme principal responsable des problèmes rencontrés », indique une source au sein de la filiale. Il occupe en effet ce poste depuis le printemps 2014.

Cela dit, ses prérogatives seront rognées, puisque le programme sera «restructuré». La responsabilité des activités industrielles liées à l’appareil sera transférée au pôle opérationnel d’Airbus D&S, dirigé par Pilar Albiac-Murillo. Rafael Tentor conservera le développement et la gestion des livraisons à la clientèle. «Ces changements doivent rendre les opérations au sein de la division Defence and Space plus efficaces et remettre le programme A400M et son industrialisation en ordre de marche pour remédier aux retards actuels», indique Airbus D&S. Bernhard Gerwert va même plus loin: «Etant donné la situation critique du programme, un comité de surveillance sera mis en place sous ma direction pour assurer un lien rapproché avec nos clients principaux», écrit-il dans un courrier aux salariés consulté par Reuters.

Tom Enders, le patron d’Airbus, avait préparé les observateurs à ces changements. Mardi dernier, il avait présenté ses excuses à une assemblée d’industriels, de militaires et d’hommes politiques britanniques et annoncé que des mesures seraient prises. Le programme A400M a déjà failli disparaître en 2011; il avait été sauvé au terme de négociations avec les sept Etats clients du programme.

Les conséquences financières et sur le calendrier de livraison de ces nouvelles difficultés seront communiquées à l’occasion de la publication des comptes annuels d’Airbus, le 27 février.

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