Air France-KLM risque de devoir amputer son projet Transavia

La suppression du plan de développement européen de la compagnie low-cost constitue un préalable à l’ouverture de discussions avec les pilotes
Olivier Pinaud

Le projet de transformation d’Air France-KLM ne sortira pas indemne du mouvement de grève des pilotes, le plus dur depuis celui de 1998. Poussée par le gouvernement, la direction du groupe pourrait accepter de retirer une partie de sa réforme pour rouvrir le dialogue avec les pilotes, soutenus par les syndicats des autres personnels de la compagnie.

Lundi, Alexandre de Juniac, le PDG de la compagnie, avait proposé de geler jusqu’à la fin de l’année le plan de développement européen de Transavia, la filiale low-cost d’Air France-KLM, le temps de trouver un accord avec les pilotes. Hier, constatant le blocage de la situation, il a évoqué la suppression pure et simple de ce plan, qui prévoit l’ouverture de bases européennes pour Transavia. Les syndicats de pilotes craignent que cela permette à Air France-KLM de délocaliser des emplois vers le Portugal ou l’Allemagne. «La ligne, pour nous, c’est de proposer d’arrêter le projet Transavia Europe. Si la direction fait une vraie proposition en disant ‘on arrête Transavia Europe’, chacun peut faire un bout de chemin», indiquait hier une source du secrétariat d’Etat aux Transports.

Le projet d’Air France-KLM se concentrerait ainsi sur Transavia France, avec l’ambition de faire monter la flotte de la compagnie à 32 appareils contre 15 actuellement. Basée à Orly, la compagnie s’appuierait sur les créneaux existants d’Air France. Moins ambitieux, ce plan serait également moins risqué et moins coûteux. «Compte tenu des importants coûts de lancement, nous avons du mal à nous enthousiasmer face à l’objectif d’équilibre opérationnel annoncé pour 2018» pour Transavia, indiquaient mi-septembre les analystes de Jefferies à l’annonce du plan.

Quoi qu’il en soit, Air France-KLM doit aller vite. Entrée dans sa dixième journée, la grève aurait déjà coûté près de 200 millions d’euros, 5% de la trésorerie du groupe. Sans compter que pendant ce temps-là, les concurrents se frottent les mains. Les analystes de Credit Suisse rappellent que 40% des entreprises du CAC 40 voyagent déjà sur EasyJet dont 24% des volumes en France sont réalisés avec des clients business.

«Les difficultés persistantes d’Air France vont accroître les volumes à court terme d’EasyJet, lui donnant la possibilité de démontrer l’intérêt de son offre auprès d’une clientèle régulière», craint Credit Suisse.

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