Londres pousse Bruxelles à bouleverser le modèle de l’analyse financière

La Financial Conduct Authority encourage la Commission à endosser la position de l’Esma, le régulateur européen, qui est très critiquée par l’industrie financière.
Solenn Poullennec
Financial Conduct Authority - Photo DR
Financial Conduct Authority - Photo DR  - 

Le régulateur britannique encourage la Commission européenne à révolutionner la rémunération de l’analyse financière en Europe. Une réforme redoutée par l’industrie financière. Dans un document publié hier, la Financial Conduct Authority (FCA) «soutient fermement» la position du régulateur européen, l’Esma. En décembre dernier, celui-ci a proposé à la Commission, au nom de la protection des investisseurs, d’obliger les gérants à dissocier strictement les frais de recherche des frais de courtage qu’ils facturent aux clients. L’Esma souhaite aussi que les gérants s’accordent avec leurs clients sur un budget maximum de recherche.

La Commission pourra reprendre cette proposition dans les actes de mise en œuvre de la réforme des marchés MIF 2. Elle devra cependant obtenir l’aval du Parlement européen et du conseil des ministres de l’Union pour mettre en œuvre ces changements, qui sont férocement combattus par l’industrie financière. Les banques et les brokers soutiennent notamment qu’il ne sera plus intéressant de produire de la recherche sur les petites valeurs, ce qui nuirait à l’accès des PME aux marchés. La Société française des analystes financiers (Sfaf) a écrit le 17 février en ce sens aux députés européens. Cette crainte est largement partagée, y compris par l’Autorité des marchés financiers française et l’un des groupes d’experts de l’Esma. Les gestionnaires d’actifs redoutent aussi de devenir moins compétitifs que leurs concurrents internationaux ou que ceux de la gestion passive.

La plupart de ces arguments sont battus en brèche par la FCA. Le régulateur, qui milite de longue date pour revoir le système de paiement de l’analyse financière, assure que la réforme proposée par l’Esma va obliger les gérants à choisir plus consciencieusement la recherche. «Nous nous attendons aussi à ce que cette réforme augmente le nombre potentiel de fournisseurs d’analyse financière et encourage plus d’innovation et de spécialisation», dit-il. Et d’ajouter que la réforme «pourrait baisser les prix et améliorer le retour pour les investisseurs, ce qui devrait au contraire rendre les gérants d’actifs plus compétitifs».

La FCA n’hésite pas à souligner qu’à ses yeux, la position de l’Esma est «incompatible» avec les systèmes de commissions de courtages partagées. Elle insite également pour que la réforme proposée s’applique à la recherche crédit.

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