L’OCDE plaide pour une réforme des incitations au crédit

Tout en rappelant l’intérêt d’un secteur financier développé, l’OCDE appelle à le réformer pour permettre une croissance plus soutenable.
Bastien BOUCHAUD

L’excès de crédit est mauvais pour l’économie, estime la dernière note de politique économique de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) publiée le 17 juin. «Dans la plupart des pays de l’OCDE, de nouvelles expansions du crédit risqueraient d’affaiblir plutôt que de soutenir la croissance», expliquent les chercheurs de l’OCDE qui s’appuient sur cinquante années de données recueillies dans plus de trente pays.

Aux niveaux actuels, une hausse de 10% des crédits entraînerait une baisse de 0,3 point de pourcentage de la croissance. Les facteurs explicatifs sont nombreux, allant d’un excès de dérégulation financière aux garanties explicites et implicites aux établissements d’importance systémique «too big to fail», en passant par les incitations fiscales, en particulier en faveur des crédits immobiliers aux ménages.

L’OCDE esquisse plusieurs pistes de réformes pour remédier à ces imperfections, et souligne les progrès déjà réalisés avec la réforme Bâle 3. Mais pour mettre fin aux garanties implicites liées à l’importance systémique de certains acteurs bancaires, l’organisation n’hésite pas à proposer leur démembrement en entités suffisamment petites pour ne pas poser de risque systémique. A défaut, elle prêche pour une séparation claire des activités de trading pour compte propre et la mise en place de testaments bancaires mettant en priorité à contribution les investisseurs privés. Pour éviter que le risque ne se déplace au sein de la finance parallèle, les économistes de l’OCDE proposent une supervision sectorielle plutôt que concentrée sur les établissements individuels.

Si certaines réformes proposées sont déjà étudiées, notamment au sein de l’Union européenne avec l’union des marchés de capitaux et la réforme des structures bancaires, d’autres ne sont pas près de voir le jour. Ainsi, la réduction des avantages fiscaux liés à l’endettement pour les entreprises et les ménages semble vouée à l’échec. Même si à long terme une telle réforme devrait avoir des effets bénéfiques pour lutter contre les inégalités, améliorer les revenus et soutenir la croissance, l’OCDE reconnaît qu’à «court terme, les mesures visant à éviter un excès de crédit peuvent freiner temporairement la croissance» et nuire en particulier aux plus bas revenus.

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