Les soupçons de manipulation des taux Libor refont surface

L’enquête qui vise UBS vient rappeler aux intervenants du marché interbancaire les limites conceptuelles du Libor
Alexandre Garabedian

UBS remet au goût du jour les soupçons de manipulation des taux Libor. Dans son rapport annuel 2010 publié hier, la banque suisse a révélé avoir reçu des assignations de la part du département américain de la justice, de la SEC et du régulateur des dérivés, la CFTC. L’enquête doit établir «si UBS a cherché à certains moments à manipuler, seul ou avec d’autres acteurs, les taux Libor», indique le groupe, sans préciser à quelle période les faits auraient pu se dérouler. Le gendarme des marchés japonais, la FSA, a également demandé des renseignements à UBS.

Le mode de fixation des taux Libor, qui servent de référence à quantité de produits dérivés et de prêts, défraye régulièrement la chronique. En mars 2008, un rapport trimestriel de la Banque des règlements internationaux n’excluait pas que les taux puissent faire l’objet de «mauvaise représentation». Publiés chaque jour par la British Bankers’ Association, ils agrègent en effet les déclarations d’un panel de banques: sans correspondre à des transactions réelles, ils sont censés refléter les conditions auxquelles les membres du panel s’attendent à emprunter une «quantité raisonnable» sur le marché. La crise financière a pu pousser certaines banques à minorer ces conditions de financement afin de cacher au marché leur difficulté à trouver de la liquidité.

«Ce qui arrive à UBS est un très bon rappel à l’ordre qui doit pousser les banques à être plus cohérentes dans leurs contributions, jugeait hier un banquier. Certains établissements peuvent être tentés d’enjoliver les choses, même si les conditions de liquidité sont aujourd’hui meilleures pour la plupart des emprunteurs».

Cette limite méthodologique – des taux théoriques, qui ne tiennent pas compte du spread bid/ask – est depuis longtemps pointée par certains intervenants du marché monétaire. L’élimination des deux quartiles de contributions les plus et moins élevées permet de limiter les biais éventuels des déclarants. En réponse aux critiques, la BBA, qui s’est fendue hier d’un communiqué défendant l’intégrité de l’indicateur, vient d’élargir le nombre de contributeurs au Libor dollar de 16 à 20 membres, avec davantage de banques non anglo-saxonnes (L’Agefi du 31 janvier). Ce qui n’empêche pas le comité directeur de l’Euribor de plancher depuis plusieurs mois sur un indice dollar. Basé quant à lui sur les taux offerts sur le marché, il concurrencerait le Libor.

Un évènement L’AGEFI

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