Les premières sanctions tombent dans la manipulation des swaps de taux

Barclays est la première banque condamnée pour avoir biaisé à son profit entre 2007 et 2012 l’indice de référence Isdafix.
Alexandre Garabedian
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Parfois l’Isdafix est manipulé». Ce mail, envoyé par un trader sur options de Barclays, est l’un de ceux qui ont permis de confondre la banque britannique. La Commodity Futures Trading Commission (CFTC), le régulateur américain des produits dérivés, a infligé mercredi au groupe une amende de 115 millions de dollars pour avoir manipulé l’un des indices de référence du marché des swaps de taux d’intérêt.

Cette sanction est la première à tomber dans le dossier particulier de l’Isdafix. Elle a été prononcée dans le cadre de l’accord global sur les taux et les changes qui va coûter 5,7 milliards de dollars à six banques. Elle devrait en appeler d’autres, sans compter les plaintes déposées par certains investisseurs. Barclays a rappelé que l’accord avec la CFTC sur l’Isdafix s’inscrivait dans le cadre d’une enquête «à l’échelle de l’industrie» financière.

Créé en 1998 par l’Isda, l’association des professionnels des dérivés, et administré par le courtier Icap, l’indice était calculé jusqu’à une date récente à partir des contributions d’un panel de banques, recueillies tous les jours autour de 11 heures du matin. Ce benchmark multi-devise sert au règlement sur le marché des swaps de taux (381.000 milliards de dollars en valeur notionnelle à fin 2014, selon la Banque des règlements internationaux) et des options sur swaps (43.590 milliards de dollars). Il permet aussi aux intervenants du marché de valoriser leurs positions.

Dans sa décision du 20 mai, la CFTC explique que les traders de Barclays exécutaient des transactions autour du fixing en dollars de 11 heures du matin pour faire bouger le taux de référence. La banque soumettait aussi de fausses données de marché à l’administrateur de l’Isdafix. Ces agissements, qui permettaient aux traders de réaliser des profits sur leurs propres positions, ont duré de janvier 2007 à juin 2012.

Dans la foulée du scandale du Libor, il y a trois ans, les soupçons de manipulation de l’Isdafix ont été rendus publics au printemps 2013. Les régulateurs américains et britanniques ont lancé des enquêtes visant une quinzaine de banques, ainsi qu’Icap et l’Isda. Cette dernière a confié en 2014 l’administration de l’indice à l’opérateur boursier américain IntercontinentalExchange, qui l’a rebaptisé ICE Swap Rate.

Le mode de calcul du benchmark a changé et reflète désormais le prix théorique d’un ordre calculé à partir des transactions réelles passées sur le marché.

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