Le risque Adani pèse aussi sur le marché obligataire

Le marché primaire des émetteurs émergents commence bien l’année, grâce aux souverains. Les corporates sont en retard.
Xavier Diaz
Adani, le conglomérat indien fondé par Gautam Adani
Le conglomérat indien Adabi est un important émetteur de dette.  -  Photo Adani.

Le marché obligataire euro bat tousles records d’émissions pour un mois de janvier avec plus de 250 milliards d’euros déjà placés tous émetteurs confondus (souverains, parapubliques, financières et corporates). Le fort engouement des investisseurs a aussi profité aux émetteurs des marchés émergents.

«Les émissions souveraines en devises fortes des marchés émergents ont démarré l’année à un rythme record», confirme Anthony Wong, stratégiste chez Deutsche Bank. Après seulement 20 jours, elles avaient déjà atteint 45% du montant émis sur 2022. Leur meilleur début d’année depuis 10 ans. Les émissions souveraines atteignaient quasiment 45 milliards de dollars, plus de deux fois le montant émis en janvier 2022. Les émetteurs investment grade (IG) dominent le marché (90% du montant émis) avec notamment une émission de 10 milliards de dollars de l’Arabie Saoudite. Vu le niveau des taux et des spreads (338 points de base pour l’IG), les investisseurs n’ont pas besoin de trop descendre dans les notations. Ce qui n’a pas empêché la Turquie (high yield) d’émettre 2,75 milliards de dollars à 10 ans, une de ses plus importantes transactions.

Les émissions corporate sont également dominées par les signatures IG (Hynix par exemple). Mais le marché est moins dynamique. Mi-janvier, avant la pause en Asie pour le Nouvel An chinois, les entreprises n’avaient émis que 12 milliards de dollars, soit 60% de moins que l’an dernier. Les émetteurs asiatiques préfèrent émettre sur le marché local, en raison du coût d’émission en dollars (spreads plus élevés et coût de la couverture). Le marché HY n’est pas totalement fermé avec notamment la première opération en dollars d’un promoteur chinois, Dalian Wanda, depuis 2021.

Mais les investisseurs craignent que les déboires d’Adani ne pèsent sur le marché. Le conglomérat indien est un important émetteur de dette. Après les révélations du vendeur à découvert Hindenburg Research, certaines de ses obligations ont chuté en territoire distressed (70%). Adani, dont la capitalisation boursière a fondu de 65 milliards de dollars, va devoir faire face cette année à des échéances obligataires, de 289 millions de dollars de coupons, dont une première ce jeudi de 25 millions, selon Bloomberg. Un test pour le groupe indien et pour l’ensemble des émetteurs corporate des marchés émergents. Car même s’il ne s’agit pas d’obligations à refinancer (la première est en 2024 pour 1,9 milliard de dollars), le moindre incident de liquidité pourrait entraîner des effets négatifs sur tout le groupe, selon le rapport d’Hindenburg Research.

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