Le fonds souverain libyen s’attaque à la Société Générale

Evoquant des malversations, la LIA réclame 1,5 milliard de dollars de compensation à la suite de pertes réalisées sous le régime Kadhafi
Antoine Landrot

Après s’être attaquée à Goldman Sachs, la Libyan Investment Authority (LIA) affronte la Société Générale. Le fonds souverain libyen lui réclame 1,5 milliard de dollars (1,09 milliard d’euros). La LIA a annoncé hier avoir engagé des poursuites auprès de la Haute Cour de justice britannique à l’encontre de la banque et de Walid Giahmi, un proche du clan Kadhafi, responsable d’une société enregistrée au Panama, baptisée Leinada.

En cause, des investissements ayant provoqué «de lourdes pertes en raison de malversations et d’actes de corruption». La plainte vise des opérations effectuées entre fin 2007 et 2009. Au cours de cette période, la LIA a notamment souscrit 2,1 milliards de dollars d’obligations à moyen terme émises par la Société Générale et trois de ses filiales. Il cite les communications de la banque, qui aurait au total versé 58 millions de dollars de commissions à Leinada. Pour sa défense, la banque souligne qu’elle «fait appel à des intermédiaires financiers dans les cas où elle ne dispose pas d'équipes dans un pays donné. Les clients en sont systématiquement informés».

La LIA remet en cause la réalité des conseils prodigués par l’entreprise panaméenne. «Il n’existe aucune indication prouvant que la société Leinada a effectivement produit des services légitimes en relation avec les transactions incriminées, d’autant plus que la Société Générale n’avait nul besoin d’aide concernant le montage des transactions et des solutions d’investissement, surtout venant de la part d’une personne ne possédant pas d’expertise dans les montages financiers», indique le fonds souverain.

En mai 2011, l’ONG Global Witness avait dévoilé le rapport de gestion interne à fin juin 2010 de la LIA – le régime Kadhafi était encore en place. Ce rapport révélait que le fonds avait fait de très mauvaises affaires, notamment en souscrivant à trois produits structurés de la banque française. A noter toutefois que le gel des avoirs libyens n’est intervenu qu’en 2011.

Aujourd’hui, des proches de la Société Générale, pour qui il s’agit d’un simple litige commercial, s’étonnent de l’agressivité de la LIA. La banque considère que les accusations sont «dénuées de fondement». Par ailleurs, à sa connaissance, elle ne fait pas l’objet d’une enquête aux Etats-Unis en lien avec la LIA, alors que celle-ci évoque «une enquête diligentée par le département américain de la justice pour violation des lois anticorruption» dans des opérations réalisée pour le fonds.

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