La Fed signale un ralentissement des hausses de taux

La Réserve fédérale américaine a relevé ses taux de 75 points de base, mais elle laisse entrevoir un pivot de sa politique monétaire... après un taux terminal plus élevé.
Thomas Varela, Agefi-Dow Jones
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Jerome Powell, le président de la Fed, lors de la conférence du 2 novembre 2022.  -  Crédit Fed.

C’est une des réunions de la Réserve fédérale américaine (Fed) où les commentaires de son président étaient au moins aussi attendus que la décision de politique monétaire. La Fed américaine a comme prévu annoncé mercredi une forte hausse de ses taux d’intérêt pour freiner l’inflation, mais a indiqué qu’elle pourrait procéder à des relèvements plus limités dans les prochains mois. C’est ce dernier point qui était particulièrement surveillé par les marchés.

Le taux des fonds fédéraux, le taux de référence interbancaire, s'établit désormais dans une fourchette de 3,75% à 4%, après un quatrième relèvement exceptionnel de 75 points de base depuis le mois de juin, soit la remontée la plus rapide des taux d’intérêt depuis les années 1980 aux Etats-Unis.

Le recours à des hausses plus modestes pourrait intervenir dès le mois de décembre, a déclaré mercredi le président de la Fed, Jerome Powell, lors de sa traditionnelle conférence de presse, tout en précisant que ce genre de décision n'était pas arrêtée à l’avance.

«Du chemin à parcourir»

Une telle inflexion ne signifierait pas pour autant que la lutte contre l’inflation approche de son terme, a prévenu le dirigeant. «Il est très prématuré de penser à une pause dans les hausses de taux, nous avons encore du chemin à parcourir», a-t-il insisté. Pour parvenir à restaurer la stabilité des prix, l’institution souhaite porter ses taux à un niveau supérieur à l’inflation, a également pointé Jerome Powell, en précisant que l'éradication de l’inflation prendrait du temps.

Destiné à faire redescendre l’inflation, le resserrement de la politique monétaire a également pour effet de freiner la croissance et le marché de l’emploi et alimente les craintes de récession outre-Atlantique. Dans leurs dernières projections publiées en septembre, les banquiers centraux américains avaient déjà envisagé de normaliser progressivement leur politique au moyen de hausses de taux moins importantes à compter du mois de décembre.

A l’avenir, la banque centrale prendra en compte l’effet progressif sur l'économie des mesures déjà prises depuis six mois et poursuivra ses hausses de taux «afin d’atteindre une politque suffisamment restrictive pour ramener l’inflation à 2%», selon un communiqué publié mercredi en début de soirée. «La question du moment d’une modération des relèvements de taux est maintenant bien moins importante que celle du niveau que nous souhaitons atteindre et de la durée pendant laquelle la politique monétaire restera restrictive», a également souligné Jerome Powell.

Le banquier central a précisé que ce niveau terminal des taux d’intérêt risquait d'être supérieur aux prévisions initiales. Une mention qui a retourné Wall Street mercredi soir, l’indice S&P 500 finissant sur une baisse de 2,5%.

Ralentir l'économie sans la «congeler»

Les mesures annoncées mercredi étaient largement anticipées, les membres de la Fed ayant réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs efforts pour dompter une inflation qui tarde à donner des signes du ralentissement escompté. Dans le courant de l’année prochaine, la Fed pourrait toutefois décider de laisser ses taux inchangés pendant un certain temps afin d'évaluer l’effet des nouvelles conditions de crédit sur la conjoncture et sur les prix.

Quelques membres du comité de politique monétaire et plusieurs économistes se sont inquiétés de l’ampleur de la hausse des taux décidée depuis le mois de mars, redoutant un coup de frein brutal à l'économie après plusieurs années de politique monétaire très accommodante. Avant 2022, les Etats-Unis n’avaient pas connu de hausse de taux de 75 points de base depuis 1994.

Jerome Powell a pour sa part assuré mercredi que la Fed n’avait pas eu la main trop lourde et a défendu la stratégie mise en œuvre, basée sur des mesures rapides et énergiques pour ne pas laisser l’inflation s’enraciner durablement. La lutte contre l’inflation nécessitera toutefois une période de ralentissement de la croissance, a-t-il toutefois de nouveau prévenu, comme lors de son intervention du mois de septembre.

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