
La croissance chinoise tourne la page du Covid

La réouverture chinoise se concrétise enfin. Si la fin de la politique sanitaire avait été annoncée dès décembre, il a fallu attendre les indicateurs d’activité publiés mercredi pour en constater l’impact économique. Il est important : l’indice PMI officiel a progressé à son rythme le plus rapide en plus de dix ans, à 52,6 points en février -les marchés tablaient sur une expansion de 50,6 points, contre 50,1 en janvier. «Le détail des données PMI montrent que l’emploi se reprend après une longue période de contraction, et que les tensions sur les chaînes logistiques se sont normalisées plus vite que prévu», remarque Juliette Cohen, stratégiste chez CPR AM. Toutefois, «une amélioration plus nette de l’activité chinoise ne sera perceptible qu’à partir de mars, où les chiffres de la consommation ou des résultats des entreprises commenceront à s’améliorer».
Les marchés n’en ont pas moins salué la nouvelle, après un mois de février durant lequel le dollar s’était renforcé et les actifs risqués avaient souffert. L’indice Hang Seng a gagné 4,2% mercredi, le CSI et le Shanghai Composite s’affichant aussi en hausse (de 1,4% et 1%). Côté devises, l’amélioration de l’économie chinoise et ses implications sur les économies développées a pris le pas sur le facteur dirigeant jusqu’ici, des taux américains terminaux plus élevés. L’euro s’est renforcé face au dollar, de 0,9% à 1,07, comme le yuan (de 1,1%, à 6,88). L’indice DXY s’effritait à 104,4, en baisse de 0,5 point.
Les taux hésitants
Les marchés hésitent pourtant à trancher entre la bonne nouvelle chinoise et les craintes inflationnistes. En Europe, la majorité des indices actions, plus cycliques et plus exposés au consommateur chinois que les indices américains, ont progressé en début de journée, avant de chuter légèrement suite aux chiffres d’inflation allemands plus élevés que prévu. L’Eurostoxx 50 perdait 0,5%, contre -0,3% pour le MSCI Europe. Les titres souverains sont, eux, restés focalisés sur les taux de la Réserve Fédérale.
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Une réouverture de la Chine risque en effet d’alimenter l’inflation, et le soutien aux économies développées que représentera la demande chinoise forcera les banques centrales à garder leurs taux en territoire restrictif plus longtemps. Le rendement du 10 ans américain gagnait 4 points de base mercredi, à 3,99%, comme le Bund à 10 ans (à 2,72%). «L’inversion de la courbe des taux allemands (entre le 2 et 10 ans) signale systématiquement une récession, mais la fenêtre temporelle entre cette inversion et le début du repli économique est suffisamment incertaine pour ne pas peser sur les marchés actions», précise Laurent Clavel, responsable du multi-asset chez Axa IM, pour justifier de ces hésitations sur les marchés actions.
Sans compter que les chiffres chinois ont été rapidement intégrés par les marchés. «Les marchés chinois n’ont pas encore pleinement intégré la réouverture de l’économie, d’autant que les investisseurs internationaux restent prudents, remarque Paul Jackson, responsable mondial de la recherche en allocation d’actifs chez Invesco. A l’inverse, les titres européens, pour lesquels les marchés n’ont pas de réticences, ont réagi plus rapidement». Les données économiques américaines, dont les chiffres de l’emploi publiés vendredi, continueront pour le moment à rythmer les marchés.
Actifs chinois
Enfin, le rebond sur les actifs chinois devrait rester modéré. «Les actions chinoises enregistrent de nouveau des flux entrants, mais ceux-ci ne représentent qu’une partie des sorties de l’an dernier, remarque Rob Drijkoningen, coresponsable de la dette émergente chez Neuberger Berman. La situation géopolitique va continuer de peser sur le sentiment des investisseurs, comme les problèmes de long terme auxquels est confrontée l’économie chinoise. Seul un rebond économique plus important que prévu pourrait soutenir les flux». A ce titre, les conclusions de l’Assemblée nationale populaire seront un indicateur important. Une cible de croissance entre 5,5 et 6% signifierait un soutien fiscal important.
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