La chute des devises émergentes devrait favoriser les acquéreurs occidentaux

Le chocolatier Lindt & Sprüngli compte profiter de l’appréciation du franc suisse pour renforcer sa présence sur le marché brésilien.
Yves-Marc Le Reour
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Si la baisse des marchés boursiers émergents est susceptible de ralentir les investissements à l’étranger des entreprises chinoises, russes ou brésiliennes, la forte dépréciation du yuan, du rouble et du real devrait rendre les opérations de croissance externe vers ces pays plus attrayantes pour les acquéreurs occidentaux. Ceci concerne à la fois les investisseurs industriels et les groupes de capital-investissement qui doivent réinvestir des fonds déjà levés.

Après le plongeon de 39% de l’indice Shanghai Composite depuis son pic de la mi-juin, «un fonds de private equity aura intérêt à être plus agressif sur le marché chinois», juge Charlie Alexander, associé chez EY. Cela suppose néanmoins que les vendeurs acceptent de céder leurs actifs à un prix inférieur. Sur les huit premiers mois de 2015, les transactions visant des entreprises asiatiques (hors Japon) ont progressé de 56% à 584 milliards de dollars (525 milliards d’euros) en rythme annuel, selon Dealogic.

Les entreprises helvétiques sont particulièrement bien placées pour tirer parti de cet avantage monétaire. «La dépréciation de 20% du real et de 33% du rouble contre le franc suisse depuis le début de l’année accroît l’intérêt des projets d’expansion au Brésil et en Russie», relève Patrik Schwendimann, analyste de la banque cantonale de Zurich. Après avoir acquis l’an dernier l’américain Russel Stover Candies pour 1,5 milliard de francs (1,4 milliard d’euros), Lindt & Sprüngli cible désormais des acquisitions de taille moyenne au Brésil.

Le groupe, qui a créé l’an dernier une coentreprise avec le fabricant de chocolat brésilien CRM, vise une cinquantaine de points de vente dans ce pays d’ici trois à cinq ans. Présent en Chine depuis 2012, il a en revanche décidé d’attendre avant de se développer davantage dans ce pays où la consommation de chocolat haut de gamme est encore trop faible.

«Le Brésil se situe à la sixième place mondiale pour la consommation de chocolat et nous sommes bien placés pour y accroître notre présence», a déclaré hier le directeur général de Lindt, Ernst Tanner. Cela contribuerait à animer le marché brésilien des M&A sur lequel le montant des transactions a reculé d’un tiers à 27,5 milliards de dollars depuis début 2015, au plus bas depuis dix ans. Les entreprises américaines se sont taillées la part du lion sur la période en étant à l’origine de 46% des opérations annoncées sur des cibles locales, contre 18% un an plus tôt.

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