
La BCE sous l’influence de la finance

La Banque centrale européenne (BCE) se tourne presque exclusivement vers les banques pour recueillir conseils et avis sur les questions financières, ce qui l’expose à être trop proche d’un secteur qu’elle est censée superviser, selon un rapport du Corporate Europe Observatory (CEO).
Cet organisme d'études, qui s’intéresse au lobbying auprès des institutions européennes, estime que 508 des 517 sièges disponibles au sein des divers groupes de contact de la BCE sont occupés par des représentants du secteur financier.
Les banques supervisées par la BCE détiennent la majorité des sièges de ces 22 groupes de contact que l’institut de Francfort interroge sur un certain nombre de sujets allant de l'économie aux marchés en passant par les infrastructures et paiements financiers, précise le CEO.
La chambre de compensation Euroclear est l’entité la mieux représentée au sein de ces groupes consultatifs, suivie par Deutsche Bank, BNP Paribas et Société générale, ajoute le CEO, qui relève l’absence totale des universités.
«La composition de ces organes consultatifs expose au risque que les lobbyistes préemptent les procédures réglementaires», prévient le CEO.
Sur les neuf sièges qui échappent au secteur financier, sept sont attribués à des grandes entreprises comme le conglomérat allemand Siemens, les deux autres revenant à des associations de consommateurs, selon l'étude.
Les interactions entre la BCE et le secteur financier sont déjà dans la ligne de mire de l’Union européenne depuis que le CEO s’est plaint de la participation de Mario Draghi, le président de la BCE, ancien de Goldman Sachs, et d’autres personnages importants au Groupe des Trente, qui rassemble banquiers et gérants de fonds.
Outre son rôle de superviseur, la BCE a été le principal moteur des marchés financiers ces dernières années à travers son programme de rachats d’actifs de 2.000 milliards d’euros, qu’elle se prépare désormais à réduire.
Un porte-parole de la BCE a dit que le secteur financier était son interlocuteur naturel mais que ses responsables discutaient également avec d’autres acteurs, des chercheurs ou le public en général, dans d’autres cénacles.
La BCE publie le calendrier et l’ordre du jour des réunions de ces groupes de contact, ainsi que la liste de leurs participants, à l’exception d’un seul.
Reuters avait rapporté en 2015 que trois des traders accusés d’avoir manipulé les taux de l’Euribor appartenaient au Money Market Contact Group (groupe de contact du marché monétaire) de la BCE.
Dans son rapport, le CEO souligne que des banques liées à un autre scandale de manipulation des taux de change, qui avait éclaté en 2013, étaient largement représentées au sein du Foreign Exchange Contact Group (groupe de contact des changes) de la BCE, sans pour autant laisser entendre que tel ou tel membre à titre individuel ait été impliqué.
Le CEO observe enfin que les comptes rendus des réunions montrent que des représentants du secteur financier utilisent ces groupes de contact pour faire jouer leur influence, par exemple en faisant entendre leur opposition à une proposition de taxation des transactions financières en Europe.
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