Jean-Bernard Lafonta risque un procès en correctionnelle pour délit d’initié

Le Parquet national financier a demandé le renvoi de l’ancien président du directoire de Wendel, a appris L’Agefi, pour des faits remontant à 2009.
Olivier Pinaud

L’affaire Wendel n’est pas finie pour Jean-Bernard Lafonta. En plus du volet fiscal en cours d’instruction, le Parquet national financier a requis le 23 janvier 2015 le renvoi de l’ancien président du directoire de la société d’investissement devant le tribunal correctionnel pour délit d’initié et diffusion d’informations fausses ou trompeuses, a appris L’Agefi. Jean-Bernard Lafonta et ses avocats, Antonin Lévy (Hogan Lovells) et Matthieu Brochier (Darrois Villey), qui ne faisaient pas de commentaires hier, ont un mois pour transmettre leurs observations.

La décision finale de renvoi devant le tribunal, ou de non-lieu, reviendra alors au juge d’instruction en charge du dossier. Jean-Bernard Lafonta était en examen depuis mai 2014.

Les faits reprochés remontent à 2009. Le 26 mars, en plus d’officialiser son départ de la présidence du directoire, Jean-Bernard Lafonta annonce un actif net réévalué (ANR) de 22 euros par action, un chiffre délibérément faussé selon Arnaud Desclèves, l’ancien directeur juridique de Wendel, à l’origine de la plainte initiale. Quelques jours après l’annonce de cette ANR, soit les 9 et 10 avril, Jean-Bernard Lafonta a vendu 428.167 actions Wendel pour un montant de 9,67 millions d’euros.

En plus de la «très forte volatilité des marchés financiers», le réquisitoire reconnaît que «la situation financière de la société au cours de cette période est difficile à appréhender par le marché en raison, notamment, de la dette liée au financement de la participation dans Saint-Gobain».

Pour autant, l’enquête a montré que les procédures prévues par Wendel «pour l’élaboration et la validation de l’ANR n’ont pas été respectées». Vingt jours se sont écoulés entre la date de référence d’arrêt de calcul de l’ANR et sa diffusion au marché alors que le délai «n’a jamais dépassé dix jours calendaires», rappelle le procureur. Surtout, ajoute-t-il, «le caractère trompeur de l’information du 26 mars 2009 se trouve confirmé, rétroactivement, par la très forte réaction de marché qui a suivi la publication de l’ANR de mai 2009».

Lors de l’AG, Frédéric Lemoine, qui a succédé à Jean-Bernard Lafonta à la présidence du directoire, annonce un ANR de 31 euros. Le chiffre avait déçu de nombreux analystes, alors qu’entre mars et mai 2009 la Bourse de Paris avait rebondi de 30% et que la situation de dette du groupe s’était améliorée. En septembre 2009, Wendel a indiqué vouloir «renforcer le contrôle» et «accroître la transparence» du calcul de son ANR.

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